Un livret défiscalisé et rapportant 1,25% ! Accessible sous conditions de ressources, le Livret d’épargne populaire a tout de l’aubaine en cette période de taux bas. Un tiers des détenteurs le dote ainsi au maximum, mais le LEP peine toutefois à séduire le public auquel il est destiné.

Produit d’épargne le plus répandu en France, le Livret A est souvent présenté – à tort – comme le plus populaire. Car, comme son nom l’indique, ce rôle est dévolu au Livret d’épargne populaire (LEP). Accessible sous conditions de ressources (29 567 euros pour deux parts fiscales en 2017), il est totalement défiscalisé, comme le Livret A et le LDDS, mais est lui rémunéré un demi-point de plus, à 1,25% par an. Financièrement plus attractif, il est toutefois limité par un plafond inférieur à celui des deux autres livrets cités, à 7 700 euros de versements, cette somme pouvant être dépassée grâce aux intérêts.

Plus de 3 millions de LEP ont dépassé ce seuil selon le rapport 2016 de l’Observatoire de l’épargne réglementée (OER). Plus exactement, 36,3% des Livrets d’épargne populaire affichent un solde supérieur à 7 700 euros. Et ces 3 millions de livrets au plafond représentent à eux seuls les deux tiers des encours du LEP. A titre de comparaison, seuls 4,2% des Livrets A ont atteint le plafond de 22 950 euros.

« La concentration des encours reste très élevée »

« La concentration des encours, quoiqu’en léger repli, reste très élevée : une part significative des détenteurs de LEP tend à porter au plafond les encours investis afin de bénéficier de sa rémunération avantageuse », souligne l’OER, avant d’esquisser une analyse : « Compte tenu de la forte rémunération du LEP, davantage de souscripteurs modestes devraient théoriquement y avoir recours mais le LEP semble relativement peu connu des personnes physiques. » Autrement dit : si les encours du LEP sont trop fortement concentrés, ce serait notamment à cause d'un trop faible flux de nouveaux souscripteurs.

L’an passé, déjà, lors de la conférence de présentation du rapport annuel de l’OER, le gouverneur de la Banque de France avait appelé de ses vœux « que le LEP soit mieux connu, et donc davantage demandé ». Avant de souligner que les banques devraient communiquer « davantage » sur les critères d’éligibilité du LEP.

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Trois millions de LEP en moins depuis 2009

De nouveaux critères d’éligibilité sont en vigueur depuis 2014. Ils étaient censés permettre de rendre ce livret accessible à une plus large population mais ils s'avèrent moins lisibles. L’érosion du nombre de LEP se poursuit : 11,8 millions fin 2009, 10,3 millions fin 2011, 9,2 millions fin 2013, 8,9 millions fin 2014. Depuis 2 ans, le nombre de détenteurs reste bloqué à 8,9 millions selon l’OER.

Une autre statistique illustre le manque de jeunes détenteurs de LEP : c’est le livret d’épargne réglementée affichant – de loin – la plus forte part d’épargnants de 65 ans ou plus (41%). Bien plus que le LDDS (33%), réservé comme lui aux personnes majeures. L’OER montre tout de même qu’il n’est pas totalement utilisé à contre-emploi, conditions d’accès oblige : les premiers souscripteurs de LEP sont les employés, devant les ouvriers, les retraités, les inactifs et les chômeurs. Reste une anomalie, relevée par l’observatoire : « Les cadres représentent tout de même 5% des ouvertures de LEP malgré les conditions de ressources », ces mêmes cadres profitant probablement d’un changement de situation pour ouvrir un LEP avant de ne plus en avoir la possibilité.

Un livret en décollecte depuis 2008

Septembre 2008, en pleine crise financière, le Livret d’épargne populaire atteint son encours record : 62,2 milliards d’euros. Depuis, malgré quelques soubresauts, l’encours ne cesse de s’éroder. Il pourrait passer sous la barre des 44 milliards d’euros lors des prochains mois. Une évolution qui s'explique à la fois par la perte en pouvoir d’achat (et donc en capacité d'épargne) des populations les plus fragiles en période de crise, ainsi que par la baisse du nombre de LEP.

En 2017, malgré un léger rebond au mois de mai, le LEP affiche une décollecte de quasiment 800 millions d’euros sur les cinq premiers mois de l’année, après avoir enregistré une décollecte de 900 millions d’euros sur l’année 2006.