Les bailleurs sociaux ainsi que les associations de défense des locataires fustigent lundi la baisse du montant des aides au logement à partir d'octobre, y voyant une « mesure injuste qui pénalisera les ménages les plus modestes ».

La décision du gouvernement de baisser de 5 euros le montant mensuel versé aux bénéficiaires des aides personnalisées au logement « va porter préjudice à près de 6 millions de nos concitoyens », s'indigne l'Union sociale pour l'habitat (USH), qui regroupe quelque 740 bailleurs sociaux. « Les aides personnelles au logement sont un outil indispensable à la solvabilisation de nombreux ménages modestes et leur baisse serait un très mauvais coup porté à leur pouvoir d'achat et à leurs conditions de vie », poursuit-elle.

Car « pour les ménages les plus modestes, 5 euros peuvent représenter une journée de reste pour vivre, c'est-à-dire ce qu'il reste à une personne lorsqu'elle a assumé ses dépenses contraintes telles que le loyer, les charges, le transport, le crédit, les impôts ». Or les locataires de HLM se sont nettement appauvris ces dernières années : aujourd'hui une attribution de logement social sur deux est faite à un ménage dont les revenus sont inférieurs au seuil de pauvreté, souligne l'USH. En outre, « l'aide personnalisée au logement (APL) y est totalement au bénéfice des locataires car les loyers HLM sont plafonnés ».

Cette mesure « constitue une double peine pour les ménages modestes alors qu'au cours des 12 dernières années, le nombre de personnes pauvres, comme le rappelle l'Observatoire des inégalités, a progressé de plus d'un million en France », conclut Jean-Louis Dumont, président de l'Union sociale pour l'habitat.

La CLCV préfère une coupe dans l'investissement locatif

Pour la Confédération nationale du logement (CNL), « cette mesure anti-pauvres marque la première attaque franche du nouveau gouvernement envers les classes sociales les plus modestes ».

De son côté, l'association de consommateurs CLCV (Confédération Logement et Cadre de Vie) dénonce « la première attaque sur les revenus des plus modestes, qui annonce la non-indexation des aides au logement pour 2018 ». « S'il y a des ajustements à faire en matière de politiques de logement, suivons l'avis de la Cour des comptes qui préconise de supprimer les dispositifs fiscaux d'encouragement à l'investissement immobilier locatif pour un coût annuel de 2 milliards d'euros », suggère-t-elle.

« Cette annonce est un signe de mauvais augure juste avant la présentation des orientations de la politique du logement à l'automne », estime pour sa part Michel Fréchet, président de la Confédération générale du logement (CGL), cité dans un communiqué. « Nous sommes très loin d'une politique de justice sociale, alors qu'est confirmée la suppression de l'ISF sur les revenus du capital », ajoute-t-il, rappelant que, « parmi les allocataires, 60% vivent sous le seuil de pauvreté et 80% touchent moins que le SMIC ».