La croissance devrait atteindre 1,6% en moyenne en France sous le quinquennat Macron et le déficit décroître jusqu'à 1,4% du PIB en 2022, selon des estimations de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) publiées mercredi.

L'OFCE, qui s'était livré pendant la campagne présidentielle à l'évaluation des programmes des candidats, a analysé les mesures annoncées par Emmanuel Macron et effectué une estimation de leur impact macroéconomique. Selon ses calculs, la croissance devrait évoluer « dans une fourchette comprise entre 1,5% et 1,8% avec une accélération sur la période 2019-2020 avec la montée en charge des mesures fiscales et du plan d'investissement » de 50 milliards d'euros.

Elle « ralentirait en 2021-2022 sous l'effet de l'intensification de la consolidation budgétaire au-delà de 2020 ». En moyenne, elle s'établirait à 1,6% sur le quinquennat. De son côté, « le déficit public passerait de 3% du PIB en 2017 à 1,4% en 2022, avec une année 2019 où le déficit franchirait à nouveau la barre des 3% pour une année, atteignant 3,5% du PIB en raison de la transformation du Crédit d'impôt compétitivité emploi (Cice) en baisse de cotisation », estime l'OFCE.

« Les dépenses publiques se réduiraient de 2,3 points de PIB »

Cette transformation suppose en effet que lors de l'année de transition, l'Etat aura à supporter à la fois la baisse de cotisations pour l'année en cours et le remboursement du CICE pour les précédentes, les créances pouvant être remboursées jusqu'à 4 ans après le versement des salaires.

Dans son document d'orientation budgétaire transmis mardi au Parlement, le gouvernement table, lui, sur un déficit passant de 3% en 2017 à 0,5% du PIB en 2022. Les prélèvements obligatoires passeraient de 44,3% de PIB en 2017 à 43,6%, tandis que « les dépenses publiques se réduiraient de 2,3 points de PIB sur la période 2017-2022 et de 2,7 points de PIB si on prend 2016 comme année de référence », selon l'OFCE.

Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre, Edouard Philippe, a promis une baisse de trois points de PIB des dépenses publiques. La dette publique resterait pour sa part à environ 96% du PIB jusqu'en 2019, avant de commencer à décroître à partir de 2020, pour atteindre 92% en 2022, un chiffre en ligne avec les prévisions du gouvernement. Enfin, le taux de chômage connaîtrait une lente décrue, passant de 9,2% en 2017 à 7,6% en 2022.

« Redistribution vers les ménages les plus riches »

L'OFCE a par ailleurs évalué les effets redistributifs des mesures d'Emmanuel Macron. « Au niveau purement fiscal, on voit qu'il y a une concentration du choix de l'outil de redistribution vers les ménages les plus riches », a indiqué Xavier Ragot, président de l'OFCE, lors d'une conférence de presse.

Selon l'étude, le dernier décile de niveau de vie, regroupant les 10% des ménages les plus riches, concentrent 46% des gains des mesures fiscales, profitant de la refonte de la fiscalité des revenus et du patrimoine mobilier. En revanche, le neuvième décile, juste en dessous, est celui qui gagne le moins. « Alors que les mesures de fiscalité indirecte pèsent sur ce décile, il profite moins de la mesure de réduction de la taxe d'habitation ainsi que de l'exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires », explique l'OFCE.