Sur près de 3 millions de personnes considérées en situation de fragilité financière, seules 10% d'entre elles disposent d'une offre bancaire spécifique adaptée, selon le rapport annuel de l'Observatoire de l'inclusion bancaire dévoilé lundi par la Banque de France.

L'offre spécifique - qui permet aux personnes à l'équilibre financier précaire de bénéficier de services bancaires de base à tarif réduit - « est rarement mise en œuvre, environ 250.000 fin 2016, alors que le courrier de proposition est déclaré par les établissements (de crédits, NDLR) comme envoyé à tous les clients détectés », constate l'Observatoire, présidé par le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

Selon ce dispositif, lancé fin 2014, les établissements de crédits sont tenus de détecter les clients dits fragiles et de leur proposer une offre spécifique de services bancaires de base à 3 euros mensuels, ainsi que l'aide d'un organisme tiers indépendant.

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La réalité « loin des ambitions qui avaient été nourries »

Les banques apprécient la situation de ces personnes en fonction de l'existence d'irrégularités de fonctionnement de leur compte ou d'incidents de paiement réguliers et du montant des ressources au crédit du compte. Or ces établissements ont déclaré à fin 2016, 2,4 millions de clients en situation de fragilité financière, un nombre auquel la Banque de France a ajouté environ 500.000 personnes n'ayant pas accès au système financier, aboutissant ainsi à près de 3 millions d'individus en précarité financière.

Ce constat est « loin des ambitions qui avaient été nourries » à l'égard de l'offre spécifique, déplore l'instance qui propose plusieurs pistes d'explications parmi lesquelles la nouveauté du mécanisme. Mais cela peut aussi « provenir de courriers insuffisamment explicites » ou « d'une absence de suivi », certains établissements craignant « de lasser leurs clients », est-il indiqué dans le rapport. Car il se peut que des clients « n'apprécient pas la stigmatisation liée à l'offre spécifique », notamment ceux « qui, bien qu'en situation de fragilité financière, gèrent rigoureusement leurs comptes » ou encore ceux estimant « n'être en situation financière fragile que de façon transitoire ».

Du côté de la Banque de France, on s'interroge sur la « faible effectivité » de ce dispositif mais il « encore trop tôt pour déterminer quelle mesure il faudrait prendre » pour l'améliorer, a précisé à l'AFP, Jacques Fournier, directeur général des Statistiques au sein de la banque centrale.