Les taux de crédit immobilier sont depuis la fin 2016 sur une douce pente ascendante. Mais déjà, cette hausse semble se tasser. On observe même quelques baisses, limitées et ponctuelles, dans certaines enseignes.

« Bonne nouvelle », se réjouit le courtier en crédit Empruntis dans sa lettre mensuelle : « mai signe ses premières baisses » de taux immobiliers. Mais attention, pas d’excès d’enthousiasme : les baisses en question restent limitées à deux établissements bancaires nationaux, cinq régionaux, et à une simple érosion de 0,05 à 0,15 des barèmes de taux utilisés dans les enseignes concernées.

Même constat du côté du courtier Meilleurtaux : « Si le mois d’avril a été stable ou très légèrement haussier selon les établissements bancaires, le mois de mai semble renouer avec de très légères baisses », affirme Maël Bernier, directrice de la communication de l’enseigne. « La détente observée sur les marchés obligataires a permis aux banques de procéder à quelques baisses de taux pour certains profils bien spécifiques », commente Alban Lacondemine, président d’Emprunt Direct, courtier recensant une évolution similaire. « Elles peuvent même appliquer, pour des dossiers générateurs de fortes contreparties, des décotes très marquées sur les taux affichés. »

1,45% à 1,55% en moyenne sur 15 ans

Concrètement, les moyennes relevées par les courtiers évoluent très peu voire pas du tout : le taux moyen reste à 1,45% en ce début mai, selon Meilleurtaux, pour un prêt sur 15 ans. Il s’établit à 1,65% sur 20 ans (-0,02 point) et à 1,90% sur 25 ans. Du côté d’Empruntis, les estimations de « taux de marché » sont légèrement supérieures mais suivent globalement la même courbe : 1,55% sur 15 ans (1,60% début avril), 1,80% sur 20 ans (1,85% en avril) et 2% sur 25 ans, une moyenne qui n’a pas évolué en un mois. Les estimations livrées par Vousfinancer sont en ligne avec celles de ses concurrents : « 1,50 % sur 15 ans, 1,70 % sur 20 ans et 1,90 % sur 25 ans ».

Le lent mouvement d’augmentation des barèmes serait-il déjà au point mort ? Fabienne Laborde, directrice commerciale de Le-Partenaire, parle plutôt de « stagnation » dans son baromètre mensuel. Une stagnation plutôt passagère et saisonnière, guidée par l’effort de quelques banques sur des profils bien spécifiques.

Les taux « réellement pratiqués » restent en hausse selon Cafpi

Dans un communiqué diffusé ce mardi, le courtier Cafpi prend ainsi le contrepied de ses confrères : « Dans leurs derniers barèmes, les banques ont stabilisé leurs taux les plus bas sur 10, 15 et 25 ans. Mais elles ont appliqué de fortes hausses sur les taux les plus élevés. » Le directeur général de l’enseigne Philippe Taboret affirme ainsi dans ce communiqué que « les taux les plus bas affichés [par les banques] leur servent de taux d’appel, mais, dans les faits, peu d’emprunteurs y ont accès ».

Tous ces mouvements restent toutefois à relativiser : si la hausse est réelle depuis la fin 2016, les taux ont retrouvé le niveau qui était le leur en juillet 2016. A l’époque, les professionnels du secteur soulignaient le caractère exceptionnellement favorable des conditions de financement pour les emprunteurs immobiliers. Simple rappel : quelques mois plus tôt, en février 2016, les courtiers annonçaient déjà des records de taux bas à 2,20% en moyenne sur 20 ans. Un niveau bien plus élevé que les moyennes annoncées en ce mois de mai 2017.

Macron élu président : pas d’incidence sur les taux immo

L’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République aura-t-elle une incidence sur l’évolution des taux immobiliers ? Non, du moins pas directement. Un autre scénario, lors du second tour, aurait plongé le secteur dans une zone d’incertitude mais la large victoire de l’ancien ministre de l’Economie a plutôt vocation à rassurer les marchés. Sandrine Allonier, directrice des relations banques de Vousfinancer, présente ainsi cette élection comme « une bonne nouvelle », « du point de vue des taux d’intérêt ». Maël Bernier, de Meilleurtaux, s’avance même sur le moyen terme : « Dans ce contexte, les taux bancaires des crédits immobiliers devraient rester attractifs dans les semaines et mois qui viennent, grâce à l’atténuation du risque politique. »