Peu enclins à quitter la banque de leurs parents, attachés à l’agence, frileux face aux innovations : dans une récente étude, Exton Consulting trace le portrait des jeunes Français en « Tanguy » bancaires, beaucoup plus conservateurs que leurs homologues européens.

Trois millions : c’est le nombre de jeunes qui entrent chaque année sur le marché bancaire ouest-européen. Il y a donc là un véritable enjeu de conquête et de renouvellement de clientèle pour les banques. Mais quels sont les usages de cette clientèle jeune, en France notamment ? Et leurs attentes ? Le cabinet de conseil en stratégie a enquêté (1).

Dur de quitter la banque de papa-maman

En matière bancaire aussi, les moins de 30 ans ont du mal à quitter le nid familial. Ils sont 71% des 21-25 ans et encore 61% des 26-29 ans à avoir conservé la même banque que leurs parents. Ils sont même 65% à avoir conservé la même agence de rattachement que leurs parents, malgré un déménagement.

C’est « l’effet de la crise » et d’un « besoin de sécurité » de la jeune génération, suggère Exton Consulting en guise d’explication. Ces chiffres, en effet, ont tendance à augmenter : le pourcentage des jeunes qui conservent la même banque que leurs parents a ainsi progressé de 10 points depuis la crise de 2008.

Autre cause cette inertie bancaire : les jeunes Français, constate la cabinet de conseil, semblent moins sollicités commercialement que les autres Européens : seuls 13 % sont régulièrement démarchés par des banques dont ils ne sont pas clients, contre 30% par exemple en Espagne.

La banque jugée trop chère

Quand les jeunes Français finissent par changer de banque - une tendance qui s’accélère à partir de l’âge de 24 ans - ils le font dans plus d’un cas sur deux par « mécontentement ». Mais ils considèrent aussi, à près de 60%, que la banque est en général trop chère.

« Il s’agit d’une spécificité française » - seuls 23% des Britanniques ou 35% des Espagnols, par exemple, sont aussi critiques - qui s’explique notamment, selon Exton Consulting, par « un manque de valorisation par les banques du coût réel des produits et services » et par « l’impact de la gratuité des offres des pure players internet auxquelles les jeunes peuvent difficilement accéder, faute de revenus suffisants ».

Prudents sur les innovations

La France, on le sait, possède un des taux d’épargne les plus importants au monde. Ce souci de thésauriser se retrouve sans surprise chez les moins de 30 ans, qui en font leur préoccupation numéro 1. Avant de les aider à acheter une voiture ou un bien immobilier, ils attendent donc de leur banque qu’elle les encourage à mettre de l’argent de côté. Pourtant, constate Exton Consulting, seuls 2 jeunes Français sur 10 se sont vus proposer par leur conseiller un bilan d’épargne.

Dommage, car, plus encore que leurs aînés, ils sont attachés à la relation bancaire traditionnelle. Plus de 90% d’entre eux estiment ainsi que le premier contact avec une banque doit se faire en agence. Et s’ils sont nombreux (74%) à utiliser plusieurs fois par semaine l’application mobile de leur banque, ils ne sont pas particulièrement intéressés par les nouveaux entrants et les innovations du secteur financier. Seulement un quart d’entre eux se déclarent ainsi prêts à souscrire un produit dans une néobanque ou un fintech - contre près d’un Italien ou d’un Britannique sur 2 - ou à utiliser leur mobile pour payer.

Une banque idéale introuvable

Au terme de son étude, Exton Consulting tente un portrait de la banque idéale pour le jeune Français. Elle doit être :

  • accessible à distance et en agence ;
  • gratuite ;
  • capable de couvrir tous ses besoins, y compris en épargne et en crédit ;
  • pas trop agressive commercialement.

Trouver, dans le monde réel, la perle rare ne sera pas facile.

(1) Pour les besoins de l’étude, 2.814 jeunes de 16 à 29 ans ont été interrogés par sondage sur Internet, en juin 2016, dans 5 pays européens : France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne.