Axa, BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale détiennent des participations dans des banques et entreprises israéliennes ayant financé la colonisation des Territoires palestiniens, affirme un rapport de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) publié mercredi.

BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE et AXA, par leur soutien « persistant » aux banques et entreprises israéliennes impliquées dans les colonies, « contribuent indirectement au maintien et au développement » des colonies, selon l'étude intitulée Les liaisons dangereuses des banques françaises avec la colonisation israélienne. Les parts possédées par ces groupes français dépassent toutefois rarement le point de pourcentage.

Les cinq grands groupes français gèrent ainsi des « participations financières » ou « détiennent des actions » dans des banques israéliennes, qui constituent un « outil essentiel de la politique de colonisation » en « finançant les constructions », indique ce rapport co-écrit notamment avec la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et la CGT. Elles ont les mêmes rapports avec des entreprises israéliennes « qui fournissent des services vitaux au maintien et au développement des colonies », tels que « la construction d'habitations ou d'usines, la connexion aux réseaux téléphoniques et internet ou encore l'aménagement en équipements de surveillance ».

Sollicités par l'AFP, BNP Paribas, BPCE et Société Générale n'ont pas souhaité commenter ce rapport. Crédit Agricole n'avait pas encore réagi. De son côté, Axa précise que « les investissements en question représentent une part infime de (ses) actifs sous gestion » et avoir fait étudier ce dossier en 2016 par son comité d'investissement responsable qui n'avait pas trouvé matière à le remettre en cause.

Le retrait recommandé par le Quai d'Orsay

Banques et assurance « cherchent le profit, quel que soit le résultat », a dénoncé Maryse Artiguelong, vice-présidente de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH). Il est « triste » de voir qu'elles « se mettent dans une telle illégalité juste pour faire un peu plus d'argent », a-t-elle poursuivi.

Les Nations unies et la grande majorité de la communauté internationale considèrent comme illégales toutes les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée. « On veut que les entreprises françaises retirent leur argent des sociétés israéliennes ayant à voir avec les colonies », comme le stipulent des « recommandations » du ministère des Affaires étrangères publiées en 2014, a expliqué Didier Fagart, un membre de l'association France Palestine solidarité, également co-auteure du rapport.

Des précédents aux Pays-Bas et au Luxembourg

Le rapport pointe également le fait que BNP Paribas, Société Générale, LCL (filiale du groupe Crédit Agricole) et Natixis (filiale du groupe BPCE) ont accordé 288 millions d'euros sur la période 2004-2020 à l'entreprise publique Israel Electric Corporation (IEC) pour l'extension de deux centrales au gaz, alors que l'IEC approvisionne en électricité les colonies en Cisjordanie. « Les banques françaises ne peuvent pas dire qu'elles ne savaient pas », a lancé Didier Fagart.

Des fonds de pension néerlandais et luxembourgeois se sont désengagés ces dernières années des cinq banques israéliennes avec lesquelles les banques françaises ont des liens, pour leur implication dans la colonisation. La Danske Bank et la Deutsche Bank Ethical Fund ont mis l'une d'entre elles sur une liste noire, souligne le rapport.