Mises en cause la semaine passée par l'UFC-Que Choisir, les plateformes de crowdlending ont répondu ce matin. Elles contestent l’image de leur profession donnée par l’association de consommateur, mais concèdent que certaines améliorations de leurs pratiques sont nécessaires.

Surestimation des rendements, sous-estimation des risques, manque de transparence : c’était en substance les trois principaux reproches faits par l'UFC-Que Choisir aux plateformes de crowdlending, le 23 février dernier. Elles ont répliqué ce matin, lors d’un point presse, par l’intermédiaire de leur association professionnelle, Financement Participatif France (FPF).

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Un rendement moyen de 3,69% selon FPF

Entre 1,6% et 0,33% net : c’est l’estimation, calculée par l'UFC-Que Choisir, du rendement moyen des 789 premiers prêts financés par les principales plateformes depuis décembre 2013. « Loin des promesses de taux d'intérêt allant jusqu'à 7% », a rappelé l’association de consommateurs. FPF conteste ces chiffres : « Le rendement réel des 1.000 premiers prêts (environ) est de l’ordre 3,69% ».

L’association, toutefois, admet que son estimation « est aussi aussi discutable que [celle] de UFC » et demande avant tout de la patience. « Il est (…) difficile de donner des informations fiables sur les prêts dans la mesure où la finance participative en prêts est une activité très jeune », explique la FPF. « Le statut des intermédiaires en financement participatif (IFP), date de septembre 2014 ; les prêts ont une durée moyenne de l’ordre de 39 mois ; donc les premières cohortes de prêts vont se terminer dans les semaines qui viennent. »

Mesure des risques : FPF d’accord avec l'UFC

L’UFC-Que Choisir était « perplexe » sur les indicateurs de risque affichés par les plateformes. De manière assez surprenante, FPF l’est également. « Les indicateurs qui nous ont été imposés [par la réglementation, NDLR] ne sont pas pertinents, et induisent en effet une mauvaise perception du risque, surtout pour une profession aussi jeune que la nôtre », explique l’association professionnelle.

« C’est pourquoi la majorité des plateformes donnent ces indicateurs puisqu’ils sont obligatoires, mais les complètent par une série d’autres chiffres beaucoup plus proches de la réalité ». FPF annonce ainsi avoir « initié un dialogue il y a plusieurs mois avec les autorités compétentes pour des proposer des nouveaux indicateurs (…) ».

Une sélection rigoureuse des projets

L’association, par ailleurs, réplique à d’autres critiques d’UFC-Que Choisir. Sur le mode de sélection des projets : l'UFC estime qu’elle est biaisée par le modèle économique même des plateformes, qui ont un intérêt financier à présenter des projets nombreux et risqués. Une « accusation sans fondement » pour FPF qui explique notamment qu’il « n’est pas rare de consulter 15 sources différentes et indépendantes (…) avant de prendre la décision de mettre en ligne un projet ».

Sur la transparence des plateformes ensuite : l’UFC leur reproche de ne pas publier des rapports d’activité annuels, comme le préconise la réglementation. FPF réplique que les plateformes sont « les intermédiaires financiers les plus transparents qui existent » et que « l’information ''brute'' existe sur toutes les plateformes, même si elle ne prend pas la forme d’un ''rapport'' intitulé et identifié (…) ».

Amende honorable

FPF, enfin, fait également amende honorable sur d’autres points. L’association concède que « la profession doit sans doute améliorer ses mises en garde ». Elle se joint également à l’UFC « pour demander au régulateur de contrôler et sanctionner tous les excès, si ceux-ci sont avérés ».

Elle va également demander, « en tant qu’association professionnelle », aux plateformes « d’améliorer la rédaction des CGU [conditions générales d’utilisation, NDLR] et CGV [conditions générales de vente, NLDR] » et « leur proposer de standardiser au mieux les informations sur le risque et les mises en garde vis-à-vis des prêteurs ».