Rachetée en 2016 par BPCE, la banque mobile allemande Fidor devrait être lancée en France et d’autres pays européens d’ici la fin de l’année 2017. Pour BPCE, cette « néo-banque » communautaire pourrait devenir un laboratoire des nouveaux usages bancaires.

Il y avait urgence. Dernière enseigne du top 5 bancaire français à ne pas avoir communiqué sur sa transformation numérique, BPCE a rattrapé son retard, mardi 21 février, à l’occasion d’une conférence consacrée presqu’entièrement à cette problématique. L’occasion notamment pour Yves Tyrode, ancien d’Orange et de Voyages-Sncf recruté en octobre dernier au poste de Chief Digital Officer, de présenter sa vision du futur du groupe bancaire rassemblant les Caisses d’Epargne et les Banques Populaires.

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Un des pans de cette nouvelle donne stratégique s’appelle Fidor. Une marque encore inconnue du grand public en France, mais déjà dans les radars des observateurs du marché de la banque digitale. Créée à Munich en Allemagne, lancée également au Royaume-Uni, cette fintech nantie d’une licence bancaire outre-Rhin a été rachetée en août 2016 par BPCE. Depuis sa création en 2009 - ce qui en fait sans doute la première des néo-banques - elle a inventé une expérience bancaire très originale, mobile et « communautaire », dont les usagers sont encouragés à partager leurs idées et leurs conseils sur l’argent et les placements. Autour de cette idée de « banque entre amis » - Banking mit Freuden, son slogan allemand - elle a convaincu à ce jour 400.000 utilisateurs, dont 160.000 clients permanents, selon les chiffres fournis par BPCE.

Une « ambition prudente »

C’était l’une des annonces attendues de la prise de parole de BPCE mardi : à quand un lancement de Fidor en France ? Ce sera pour « le second semestre 2017 », a promis François Pérol, le président de BPCE. Et ce ne sera pas qu’en France : d’autres pays européens, dont la liste n’est pas encore précisée, seront concernés. BPCE va ainsi mettre un terme à une originalité sur le marché français : le groupe est en effet le seul du Big Five - les 5 grands groupes hexagonaux, où l’on retrouve également le Crédit Agricole, BNP Paribas, le Crédit Mutuel et la Société Générale - à ne pas posséder de marque de banque 100% numérique.

Fidor, pour autant, sera-t-il le Boursorama de BPCE ? Clairement non. Tout d’abord parce que les pedigrees des deux banques sont très différents : un courtier web devenu une banque généraliste d’un côté ; une néo-banque, de l’autre, qui ambitionne de réinventer la manière de gérer son argent. BPCE va ainsi se contenter, au moins dans un premier temps, d’« accompagner » le lancement de Fidor, en lui apportant « [sa] connaissance du marché français », a expliqué François Pérol. Ce dernier ne souhaite pas lui fixer d’objectif chiffré précis et confesse une « ambition prudente ». Sur ce marché des nouveaux services bancaires, « il y a de plus en plus d’acteurs », a rappelé le président de BPCE, et « tout le monde ne réussira pas sur le marché français ».

Fidor, un laboratoire ?

Au jeu des comparaisons, c’est donc peut-être celle avec Soon qui convient le mieux au cas Fidor. Axa Banque a lancé mi-2013, en version bêta dans un premier temps, ce service de banque 100% mobile, très inspiré de la néo-banque américaine Simple et ouvertement présenté comme un laboratoire. Depuis, il a convaincu 27.000 clients, un (petit) succès d’estime obtenu sans aucune campagne de promotion d’envergure. Axa Banque annonce désormais son intention d’importer dans son offre certaines fonctionnalités développées pour Soon. Fidor, de la même façon, pourrait aider BPCE à moderniser son offre digitale, dans le sens notamment de plus de simplicité et de rapidité. La banque s’est ainsi montrée particulièrement intéressée par la capacité de Fidor à traiter les opérations de leurs clients en moins d’une minute.

Conquête clients : objectif non atteint

L’intérêt de Fidor, pour BPCE, est aussi de s’adresser à un nouveau segment de clientèle, qu’elle ne capte pas forcément aujourd’hui. Plus généralement, le recrutement de nouveaux clients ne semble pas aussi dynamique qu’espéré. Le groupe bancaire espérait capter un million de clients bancarisés principaux supplémentaires entre 2013 et 2017. L’objectif ne sera pas atteint. A la fin 2016, le groupe bancaire n’avait fait qu’un peu plus de la moitié du chemin : +510.000, pour un total d'un peu plus de 8,7 millions de clients dans cette catégorie.