Depuis le lancement de la mobilité Macron le 6 février dernier, LCL aurait, selon Le Monde, reçu un nombre jugé trop important de mandats en provenance de Boursorama Banque, et lancé une contre-attaque. Une illustration des nouvelles tensions qui pourraient naître entre banques traditionnelles et les acteurs 100% en ligne.

Depuis le 6 février, « LCL a (…) constaté des volumes de mandats en provenance de Boursorama supérieurs à leur poids naturel sur le marché », rapporte Le Monde. Intrigué, l’ex Crédit Lyonnais a contacté ses clients ayant signé un mandat de mobilité en faveur de la banque en ligne. Pour découvrir que « certains ne voulaient pas fermer leur compte, mais seulement transférer certaines opérations sur leur compte Boursorama ». Depuis, LCL a demandé à ses conseillers de vérifier que, « pour chaque mandat en provenance de Boursorama, le client est bien à l’origine de la demande de mobilité ».

Mobilité totale ou mobilité choisie ?

Boursorama Banque détourne-t-elle l’esprit (ou même la lettre) de la loi Macron ? La filiale de la Société Générale, qui offre actuellement 30 euros en échange d'au moins un changement de domiciliation, s’en défend. Dans son service Easymove lancé pour l’entrée de la mobilité Macron, elle met effectivement en avant la « mobilité à la carte », qui permet aux clients de choisir une par une les domiciliations à transférer, plutôt que la « mobilité totale », qui entraîne le transfert de l’ensemble des opérations récurrentes en vue de la fermeture de l’ancien compte.

D'autres enseignes ont aussi choisi de faire cohabiter l'ancien service de mobilité à la carte avec la mobilité Macron. Boursorama, elle, opère un mix des deux. Une fois la liste des opérations récurrentes des 13 derniers mois récupérée, le client dispose alors d'une étape intermédiaire de 14 jours pour choisir, en quelques clics, les domiciliations à transférer.

D’un point de vue réglementaire, rien ne semble interdire ce choix de mise en œuvre. A aucun moment, par exemple, le « bon usage professionnel », publié par la Fédération bancaire française pour encadrer la mise en place de la réforme, ne précise que la signature du mandat de mobilité doit forcément aboutir au changement de domiciliation de l’ensemble des opérations récurrentes. Et la fermeture du compte d’origine est effectivement optionnelle.

« Principalisation » du compte

La réaction de LCL pourrait être symptomatique du nouveau contexte concurrentiel post-loi Macron, et des tensions qu’il induit. Les banques en ligne, en effet, captent déjà la majorité des nouveaux comptes courants ouverts en France. Exemple : sur les 400.000 nouveaux clients engrangés en 2016 par le groupe Société Générale (qui inclut également le Crédit du Nord), 220.000 sont des clients Boursorama Banque.

Mais la mobilité Macron, associée à la généralisation des frais de tenue de compte, pourrait également accélérer un autre phénomène : celui de la « principalisation » des comptes courants détenus par les banques en ligne. Soit la transformation de comptes secondaires, utilisés jusqu’ici en appoint, en comptes principaux, où l’on domicile ses revenus.

Une évolution qui peut expliquer le comportement de certaines banques traditionnelles, « pas fair-play du tout », explique au Monde le porte-parole d’une banque : « Elles ralentissent les transferts de compte en évoquant des motifs de refus qui n’ont pas lieu d’être, ou bien elles expliquent à leurs clients que le processus de mobilité en ligne peut être dangereux, car non sécurisé. »