Force ouvrière s'est inquiétée mardi d'une hausse des licenciements pour motif disciplinaire dans les banques, soupçonnant les directions de recourir à des « plans sociaux déguisés » pour réduire leurs effectifs.

« On n'a jamais eu autant de procédures disciplinaires à l'encontre des salariés de notre profession », s'est alarmé en conférence de presse le secrétaire général de la fédération FO des banques, Sébastien Busiris.

La « généralisation » de cette pratique laisse penser qu'il s'agit d'une « modalité de gestion de l'emploi », dit-il, évoquant la possibilité d'un « plan social déguisé », à moindres frais. Les établissements « se séparent de bon nombre de salariés pour des motifs certes qui existent (...) mais qui par le passé n'auraient valu qu'une remontrance, un avertissement ou -pour les cas extrêmes- une dégradation », relève-t-il.

« Des licenciements comme jamais-vu »

FO pointe « des licenciements comme jamais-vu » à la BPCE, « à n'en plus finir » dans les Caisses d'Épargne et ce « pour n'importe quelle raison : déontologie, incompatibilité d'humeur, perte de confiance... ». Plus généralement, Isabelle Larrivé (Caisses d'Épargne) dépeint un climat social dégradé, qu'elle attribue à la pression commerciale et à la baisse des effectifs. Avec pour conséquence, selon elle, un taux élevé d'arrêts maladie, « des cas de suicides ou tentatives qui se multiplient » et des incivilités « de plus en plus violentes ».

« Malgré des bénéfices en milliards d'euros, on n'a jamais autant souffert dans la profession », résume M. Busiris, en fustigeant la succession de réorganisations faites au détriment « du développement de l'activité bancaire ». Chez BNP Paribas, « on est champion dans la mise en place de projets, il y en a toujours un qui en cache un autre », a ironisé Charles Legros, citant la « refonte » du réseau engagée en 2017 et les « 2.000 à 3.000 suppressions de postes » redoutées l'an prochain.

Des réorganisations en cours ou à venir

Des délégués FO ont égrainé la liste des réorganisations en cours ou à venir : un plan « drastique » à la Société Générale avec « la diminution de près de 2.500 postes » à horizon 2020, un plan de départs volontaires chez HSBC France prévoyant la suppression nette de 451 postes, la perte prochaine de « 750 à 850 équivalents temps pleins » à LCL...

Force ouvrière réclame aux fédérations patronales « l'ouverture de négociation sur la banque de demain », où il serait question de formation et de reconversion notamment. Le développement de l'intelligence artificielle fait partie « des mutations importantes sur lesquelles nos patrons pour l'heure refusent de parler » et qui place pourtant « 25 à 30.000 salariés sur la sellette à horizon de 5 ou 10 ans », d'après M. Busiris.