Cinq grandes banques de détail françaises s’apprêtent à lancer presque simultanément Paylib sans contact, un service de paiement sur mobile développé par le groupement français des cartes bancaires. L’événement est-il susceptible de faire décoller les paiements par smartphone dans l’Hexagone ? Le débat est lancé.

Vous souhaitez utiliser votre smartphone pour régler des achats sans contact ? Actuellement, ce n’est pas une sinécure. Pourtant, des dizaines de milliers de terminaux de paiement sont désormais compatibles - les mêmes, en fait, que ceux qui autorisent les paiements sans contact par carte bancaire. Le parc de mobiles équipés de puces NFC croît également de jour en jour, à mesure que les Français changent pour des modèles plus récents.

Non, le problème vient plutôt de l’offre de services, encore très lacunaire. Côté Apple Pay, le service de paiement mobile embarqué sur les iPhones, les acteurs se comptent sur les doigts de la main, six mois après son lancement dans l’Hexagone. Seules trois banques - la Caisse d’Epargne, la Banque Populaire et Carrefour Banque - et deux portefeuilles électroniques - le Français Orange Cash et, depuis peu, le Britannique Boon - sont partie prenante. Les autres enseignes rechignent à y aller. Exemple : la Banque Postale, un temps cité parmi les acteurs intéressés, vient finalement d’annoncer sur le Twitter qu’Apple Pay ne faisait pas partie des « déploiements prévus en 2017 ».

Côté Android, le paysage est tout aussi désert. Seul Orange Cash propose aujourd’hui le paiement mobile à grande échelle aux particuliers français, à condition bien sûr qu’ils soient clients mobile du premier opérateur télécom français. Certaines banques s’y sont aussi aventurées (BNP Paribas, la Banque Postale, etc.), sans grand succès.

Une caisse de résonance pour le paiement mobile

La situation, toutefois, est peut-être en passe de changer. Annoncé de longue date, Paylib sans contact arrive. Fin janvier, la Société Générale a été la première banque à annoncer le lancement officiel, après des mois de test, de ce nouveau service développé par le groupement des cartes bancaires (GIE CB), gestionnaire du réseau domestique français de paiements par carte.

La force de Paylib, c’est l’interbancarité. Depuis son lancement en septembre 2013, d’abord comme alternative à la carte bancaire pour le paiement en ligne, Paylib a rallié la majorité des grandes banques de détail françaises : la Banque Postale, la Société Générale, BNP Paribas, le Crédit Mutuel Arkéa et le Crédit Agricole. Toutes ont vocation à proposer à très court terme Paylib sans contact, et à en faire la promotion. De quoi créer une caisse de résonance inédite en France pour le paiement mobile sans contact.

Le service, toutefois, a une limite de taille : il n’est actuellement compatible qu’avec les mobiles tournant sous Android. Même si le GIE CB a pris soin d’expliquer au site spécialisé iGénération qu’un partenariat entre Paylib et Apple Pay était techniquement possible, rien de tel n’est annoncé. Dans l’immédiat, Paylib sans contact est donc fermé aux possesseurs d’iPhone, généralement plus technophiles que la moyenne. Le smartphone à la pomme représente un mobile sur quatre vendus en France en 2016, un chiffre en hausse de près de 9%.

Les Français sont-ils prêts ?

Quoi qu’il en soit, le lancement de Paylib sans contact va constituer un bon test de l’appétence des Français pour le paiement par mobile. Ce qui, a priori, n’est pas gagné. Seuls 5% des Français, à l’heure actuelle, ont déjà testé cette manière nouvelle de payer, selon l’étude « Usages mobiles 2016 » du cabinet Deloitte. C’est faible, mais comme nous l’avons vu, l’offre est encore lacunaire. Plus embêtant, près de la moitié des autres sondés n’ont pas l’intention de le faire « par manque d’intérêt », et un tiers parce qu’ils sont « préoccupés par le niveau de sécurité offert ».

Les Français, toutefois, sont parfois versatiles. Ils ont longtemps eu la même perception du paiement sans contact par carte bancaire, avant de finir par s’y mettre massivement : 2 millions de paiements par jour actuellement, un chiffre en hausse de 130% en un an.