Un Perp, mais avec une liberté totale de sortie passé l’âge de la retraite. Voici, en simplifiant, ce que propose l’AFG, le groupement des sociétés de gestion. Objectif : toiletter l’épargne retraite des Français pour les inciter à préparer leurs vieux jours sur le long terme.

« Si l’intérêt des Français a été très fort lors du lancement du Perp [Plan d’épargne retraite populaire] en 2003, celui-ci s’est ensuite nettement réduit en raison des contraintes du produit : une épargne bloquée jusqu’à la retraite et une sortie en rente viagère obligatoire. » L’Association française de la gestion financière (AFG) rappelle ainsi, dans un livre blanc publié mi-janvier, que seuls 2,3 millions de Perp étaient ouverts à la fin 2015. En effet, si le Perp semble aujourd’hui avoir trouvé un public, celui-ci est plus attiré par la défiscalisation que par une réelle optique de préparation de la retraite.

Lire à ce propos : Faut-il ouvrir un Plan d'épargne retraite populaire ?

Le Perco et contrats « article 83 » étant eux des produits d’épargne retraite cantonnés à la souscription via l’entreprise, l'AFG pointe un manque dans l’offre existante. Résultat, toujours selon l’AFG : les Français se détournent de ces produits spécifiques pour utiliser « d’autres produits d’épargne plus classiques pour préparer leur retraite », en l’occurrence l’assurance-vie ou le PEA. Dans son livre blanc, l’AFG ne propose pas de dénomination pour son produit d’épargne retraite, mais l’association en dessine très précisément les contours.

Principales caractéristiques du produit proposé par l'AFG

  • versements libres,
  • gestion pilotée par défaut,
  • nombre limité de fonds disponibles,
  • possibilité de transférer le produit d’un prestataire à un autre,
  • liberté totale de sortie à l’âge de la retraite, en capital ou en rente viagère,
  • fiscalité incitative à la sortie et non à l'entrée.

La souplesse pour disposer de ses économies une fois arrivé l'âge de la retraite est le point phare de la proposition de l'AFG. En effet, le principal point faible du Perp est selon ce groupement « l’impopularité de la rente », le produit ne permettant qu’une sortie partielle en capital. Les épargnants craignent selon l'association « de ne pas vivre assez longtemps pour ''recevoir'' autant qu’ils ont cotisé. » Le groupement s’appuie sur un sondage qu’il a commandé à OpinionWay (lire plus bas) pour insister sur ce besoin de souplesse à la sortie.

Côté fiscalité, la logique serait inverse à celle du Perp : pas de déduction fiscale des versements à l’entrée mais, à la sortie, une exonération d’impôt sur le revenu sur les plus-values, et une réduction « de moitié » des prélèvements sociaux sur ces mêmes plus-values.

Une proposition inspirée d’un projet européen

A la différence du Perp, qui ne séduit aujourd’hui que les particuliers les plus fortement imposés, ce nouveau produit viserait ainsi un public « très large » selon l’AFG : les futurs retraités aux revenus faibles ou « moyens », les travailleurs indépendants, les salariés ne disposant pas d’offre d’épargne retraite dans leur entreprise, etc.

Pour imaginer ce placement retraite, ce groupement de sociétés de gestion affirme s’être largement inspiré du projet de produit de retraite individuel paneuropéen (1) « porté par la Commission européenne et qui devrait faire l’objet d’une proposition législative au niveau européen d’ici à l’été 2017 ».

Les Français frileux face aux rentes viagères

Les Français se disent concernés par le montant de leur future retraite mais, paradoxalement, ils l’anticipent peu. Ce constat a déjà été souligné dans de nombreux sondages. L’étude OpinionWay (2) s’intéresse en outre aux caractéristiques des placements réalisés en vue de la retraite. 74% des sondés disent privilégier une solution souple, permettant de récupérer son capital en une seule fois, plutôt qu’un produit les obligeant à transformer leur capital en rente viagère, perçue jusqu’au décès du bénéficiaire. Les sondés jugent par ailleurs favorablement l’investissement immobilier, 34% percevant même l’immobilier comme plus sûr qu’un placement financier pour préparer sa retraite. Et 48% des personnes interrogées voient l'immobilier et l'épargne retraite comme complémentaires.

Une demande en phase avec le gouverneur de la Banque de France

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, lance régulièrement des appels à la création de produits d'épargne à long terme, dans le cadre ou non de l'assurance-vie. Il souhaite ainsi mieux orienter l'épargne longue vers le financement de l'économie. François Villeroy de Galhau a réédité sa demande mardi 31 janvier, à l'occasion des Rencontres de l’épargne et de l’investissement : il a ainsi jugé « souhaitable » que « les professionnels, avec les pouvoirs publics, imaginent de nouveaux produits de long terme ».

Des produits qu'il souhaite « moins liquides, mais assortis d’une forme de protection du capital et bénéficiant du rendement plus élevé des actions dans la durée ». Le tout sans créer de nouvelles « distorsions fiscales au détriment de ces produits par rapport à l’épargne liquide et sans risque ».

(1) Pan-European Personnel Pensions Product (PEPP)

(2) Sondage OpinionWay pour l’Association française de la gestion financière, réalisé les 23 et 24 novembre 2016 auprès d’un échantillon représentatif de 1.055 personnes majeures.