Le taux du Livret A est assuré de se maintenir à 0,75% net, au moins jusqu’au 1er août prochain. Peut-on trouver mieux aujourd'hui avec des placements sans risque ? Nous sommes allés le vérifier, chiffres à l’appui.

C’était attendu, mais c’est officiel depuis lundi : le taux du Livret A va se maintenir à 0,75% pour les six prochains mois. Un rendement net de prélèvements sociaux et fiscaux, il faut le rappeler, qui, dans le contexte actuel, offre au produit d’épargne populaire une réelle attractivité. Elle ne se traduit toutefois que modérément dans les chiffres : 1,75 milliard d’euros de collecte nette seulement en 2016.

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La rémunération du Livret A est-elle pour autant sans équivalent pour un produit sur lequel l’épargne est à la fois garantie et facilement disponible ? Pour vérifier s’il était toujours possible de battre le taux du Livret A, nous nous sommes intéressées aux 4 principales alternatives possibles : les livrets d’épargne fiscalisés, le Livret d’épargne populaire, le Plan épargne logement et les fonds en euros de l’assurance-vie. En prenant bien soin, évidemment, de prendre en compte la fiscalité spécifique de chaque produit.

Livrets d’épargne ordinaires : chercher l’épingle dans la botte de foin

A la différence du Livret A, dont ils partagent par ailleurs nombre de caractéristiques, les livrets d’épargne ordinaires (ou Livrets B), à taux de marché, sont imposés. Ainsi, pour pouvoir les comparer avec le Livret A, il faut regarder leur taux net de toute fiscalité, sociale et fiscale. Taux qui dépend de l'ensemble des revenus imposables, et donc du taux marginal d’imposition (TMI).

Dans ce tableau, nous avons ainsi recensé, tranche par tranche, les taux bruts minimum que doit afficher un livret ordinaire pour devenir plus rémunérateur qu'un Livret A.

Livret - Rendement nécessaire pour obtenir un taux net de 0,75%
Taux marginal d'imposition (TMI)Taux brut
0%0,89%
14%1,05%
30%1,34%*
41%1,65%*
45%1,79%*
* ou 1,24% pour les foyers percevant moins de 2.000 € d'intérêts par an

Verdict : seuls les foyers fiscaux non imposés (TMI à 0%) trouvent encore sur le marché des livrets ordinaires plus attractifs que le Livret A. Il suffit en effet de consulter les meilleures rémunérations des livrets bancaires pour se rendre compte que les produits les mieux lotis actuellement culminent à 1% brut. C’est le cas du Livret Distingo de PSA Banque (1% à compter du 1er février 2017, 1,20% auparavant) ou du Livret Zesto de RCI Banque. Le Livret Carrefour Banque, qui fonctionne par paliers d’encours, rapporte également 1% jusqu’à 20.000 euros, 1,10% jusqu’à 100.000 euros et 1,20% au-delà.

Les contribuables imposables, eux, n’ont qu’un recours pour battre le Livret A : profiter des taux boostés, et éventuellement des primes, souvent offertes à l’entrée en relation avec les banques, notamment chez les spécialistes de l'épargne sur le web.

Livret d’épargne populaire : un oui sous conditions

Il est souvent le grand oublié du secteur réglementé de l’épargne. Pourtant, la rémunération du Livret d’épargne populaire (LEP) bénéficie d’un coup de pouce non négligeable d’un demi-point par rapport à celle du Livret A. Soit 1,25% net de prélèvements sociaux et fiscaux actuellement.

Le produit a toutefois ses contraintes. Les dépôts, d’abord, y sont limités à 7.700 euros seulement, contre 22.950 euros pour le Livret A et 12.000 euros pour le Livret de développement durable et solidaire (LDDS). Surtout, le LEP n’est accessible qu’aux foyers fiscaux affichant un revenu fiscal de référence maximum de 19.255 euros (en métropole) pour une personne seule, un montant qui augmente en fonction de la composition du foyer.

Ainsi, vous avez de bonnes chances de pouvoir ouvrir un LEP si vos revenus nets ne dépassent pas 1.800 euros mensuels pour un célibataire, ou 2.800 euros pour un couple avec 2 enfants.

Plan épargne logement : un avantage raboté

Avec un taux ramené, pour les nouveaux plans ouverts, de 2,50% à 1% en quelques mois, le Plan épargne logement (PEL) a perdu de sa superbe. Produit star de 2014 et 2015, où il rivalisait avec l’assurance-vie, le PEL a capté moins d’épargne en 2016.

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A 1%, le rendement du PEL reste toutefois légèrement supérieur à celui du Livret A. Le produit, en effet, n’est pas entièrement défiscalisé mais seulement soumis, durant ses 12 premières années, aux prélèvements sociaux (15,5%). Soit une rémunération nette de 0,845%.

Evidemment, le PEL est plus contraignant que le Livret A. Il impose des versements réguliers et interdit les retraits partiels. Surtout, il nécessite, pour obtenir le rendement escompté, de maintenir le compte ouvert pendant au moins deux ans. Dans le cas contraire, sa rémunération est en effet ramenée au niveau de celle du Compte épargne logement (CEL), soit un petit 0,50%.

Qu’en est-il des anciens PEL ? Même s'il deviennent fiscalisés, à la manière les livrets ordinaires, à compter de leur 12e anniversaire, il faut évidemment les maintenir ouverts. En effet, ces anciennes générations, dont le rendement est au pire de 2,50% brut, sont très avantageuses dans le contexte de taux actuel, quel que soit votre TMI.

Fonds en euros de l’assurance-vie : l’alternative toujours gagnante

Premier placement financier des Français (1.632 milliards d’euros d’encours fin 2016), l’assurance-vie reste-t-elle un placement gagnant, alors que le rendement moyen fond comme neige au soleil d’année en année ? Répondre à cette question n’a rien d’évident. L’assurance-vie affiche en effet une singularité fiscale, qui rend la comparaison avec le Livret A assez complexe.

Pour mémoire, elle permet d’obtenir une imposition particulièrement clémente après 8 ans de détention : au maximum un taux d’imposition de 7,50% (sous la forme d’un prélèvement forfaitaire libératoire), après un abattement de 4.600 euros pour un célibataire ou 9.200 euros pour un couple.

Autre différence fondamentale : pour un livret, il suffit que des intérêts soient versés pour qu’ils deviennent imposables et que des cotisations sociales soient prélevées. Avec l’assurance-vie, rien de tel : les plus-values dégagées ne seront imposables que lorsque vous voudrez vraiment les récupérer, mais pas avant. Quant aux cotisations sociales, elles sont prélevées chaque année, au « fil de l’eau », sur la seule rémunération des fonds en euros (mais pas sur les autres fonds), avec une régularisation lors de la sortie effective.

Voici, pour résumer, un tableau qui détaille les taux bruts de rémunération à atteindre, selon la durée de détention et le TMI, pour que le rendement d’une assurance-vie parvienne au moins à égaler le taux du Livret A.

Assurance-vie - Rendement nécessaire pour obtenir un taux net de 0,75%
TMISortie avant 4 ansSortie entre 4 et 8 ansSortie après 8 ans
0%0,89%0,89%0,89%
14%1,05%1,05%0,97%
30%1,34%1,08%0,97%
41%1,52%1,08%0,97%
45%1,52%1,08%0,97%

On le voit, les taux actuellement dévoilés par les assureurs pour le rendement 2016 de leurs fonds euros sont, dans leur immense majorité, supérieurs à ces seuils. Le taux moyen du marché est attendu entre 1,80 et 1,95%, net de frais de gestion mais avant prélèvements sociaux, avec des pointes au-delà des 3% pour les meilleurs fonds. Même les contrats distribués par les réseaux bancaires traditionnels, généralement moins bien rémunérés que sur le web ou chez les CGPI, devraient s'afficher autour d’1,30%.

Malgré des rendements en baisse, l’assurance-vie en euros constitue donc toujours une alternative gagnante au Livret A, y compris pour des horizons de placement inférieur à 8 ans, à condition bien sûr d’être vigilants sur les divers frais, notamment de versement, qui peuvent venir entamer son attractivité.

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