Les Français ne prennent plus la peine de placer leur argent, et le laissent dormir sur leur compte courant. Ce constat, répété à maintes reprises en 2015 et 2016, n’est pas une spécificité française.

« Les comptes à vue ont continué de progresser à vive allure en 2016, symétriquement à la baisse des livrets d’épargne. » Ce constat, c’est l’Observatoire de l’épargne européenne (OEE) qui le dresse dans son tableau de bord de janvier 2017. Cette association mêlant institutions, établissements et économistes du secteur bancaire et financier appuie son analyse sur des statistiques portant sur les plus grands pays d’Europe : Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, France, etc.

« Les épargnants espagnols ont vu passer la rémunération de leur épargne bancaire d’un des plus hauts niveaux européens en 2013 à l’un des plus bas en 2016, et ils ont réagi en laissant sur leurs comptes chèques un encours en hausse annuelle de 18% début 2016. » A comparer avec une hausse d’environ 8% en France sur la même période, comme en Allemagne ou au Royaume-Uni.

L’OEE appuie le fait que les Européens se détournent parfois inconsciemment des placements bancaires classiques, du fait de leur faible empressement à placer leurs deniers. « Ils n’ont pas toujours conscience du niveau élevé de l’encours de leur compte chèques, comme l’a montré en France une étude de la Caisse d’Epargne », relève l’observatoire. En mars dernier, l’Ecureuil relevait deux principales causes à l’attentisme des épargnants français : le faible attrait des produits d’épargne, et de leurs rendements, mais aussi le fait que le compte chèques permette de disposer de son argent à tout moment, sans formalités.

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Un phénomène qui a « tendance à s’atténuer »

Un paradoxe, quand l’on sait que les livrets d’épargne permettent eux aussi cette même souplesse, tout en offrant une rémunération, même faible. L’OEE ne cache d’ailleurs pas son étonnement à la vue des flux sur les comptes courants : « Ils ne sont pourtant en général pas rémunérés, sauf au Royaume-Uni. » La Competition and Markets Authority (CMA), organisation britannique non-gouvernementale, recense outre-Manche en effet une nette majorité de comptes courants « standards », non rémunérés et facturant le découvert, mais aussi 16% de comptes rémunérés ciblant les plus fortunés.

Si les statistiques publiées par l’OEE illustrent bien le « succès » des comptes de dépôt, l’observatoire estime que l’apogée de ce phénomène est dépassée. « Cet effet de vases communicants a eu tendance à s’atténuer courant 2016. » Et ce car « les épargnants [semblent] désormais résignés au nouvel environnement », celui des taux durablement bas.

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