Le Parlement a adopté définitivement jeudi, par un vote du Sénat, le projet de loi autorisant l'approbation de l'accord multilatéral sur l'échange automatique des déclarations pays par pays, qui vise à renforcer la lutte contre la fraude et l'optimisation fiscale des entreprises.

L'accord entre dans un volet du plan d'action de l'OCDE dit « BEPS » (Base Erosion and Profit Shifting, terme anglais désignant l'optimisation fiscale), dont les 15 préconisations prévoient une déclaration annuelle, pays par pays, pour les multinationales au chiffre d'affaires égal ou supérieur à 750 millions d'euros. Ces déclarations (répartition des bénéfices du groupe, des impôts, informations sur la localisation et l'activité des entités, etc) seront ensuite échangées entre administrations fiscales concernées par la voie de l'échange de renseignements entre États.

« La loi de finances a établi la déclaration pays par pays », a souligné le secrétaire d'État au budget, Christian Eckert. « Mais ces déclarations doivent être échangées entre administrations fiscales pour être vérifiées », a-t-il poursuivi. « C'est pourquoi M. Sapin a signé cet accord le 17 janvier à Paris, et il a déjà été signé par 50 États dans le monde ».

Une cinquantaine d'Etats ont déjà signé

L'accord définit les règles et procédures nécessaires pour permettre aux autorités compétentes des États d'échanger les déclarations remises chaque année aux autorités fiscales de l'État de résidence de la société mère, tout en garantissant la confidentialité des informations échangées.

Selon Bercy, le seuil de 750 millions d'euros de chiffre d'affaires retenu permettra « de couvrir les 10% d'entreprises multinationales réalisant environ 90% du chiffre d'affaires mondial ».

Jusqu'à présent, une cinquantaine d'États et territoires ont signé cet accord. Outre cet outil, la France pourra s'appuyer sur ses accords bilatéraux (conventions d'élimination des doubles impositions ou accords d'échange de renseignements) ou signer des accords analogues avec des États qui ne sont pas partie prenante à l'accord multilatéral, notamment les États-Unis.

Une priorité du G20

La lutte contre la fraude et l'évasion fiscale est devenue une priorité du G20 depuis la crise financière de 2008. L'effort a porté sur la lutte contre les États et territoires non coopératifs ou sur la répartition de l'assiette taxable des bénéfices des multinationales, vu l'utilisation par certaines d'entre elles de mécanismes d'optimisation jouant avec les différentes législations fiscales.

Selon certaines estimations, quelque 200 milliards d'euros d'impôts ne seraient pas payés dans le monde par les grandes multinationales grâce à des stratégies d'évitement fiscal.