Sur le marché de l’assurance-vie à frais réduits, sur internet, les assureurs Generali, Spirica, Apicil et Aviva ont déjà communiqué leurs taux 2016. Les regards se tournent désormais vers Suravenir, qui gère notamment le contrat de Fortuneo. L’assureur du groupe Arkéa dévoilera mardi prochain des « taux internet » attendus en baisse d’un demi-point, comme le confirme Bernard Le Bras, président du directoire de Suravenir.

L’érosion est globalement d’un demi-point de rendement en 2016, par rapport à 2015. Est-ce aussi vrai pour Suravenir ?

Bernard Le Bras : « Globalement, nous serons sur des niveaux de baisse entre 0,40 et 0,60 point selon les contrats. Les baisses les plus faibles seront appliquées aux contrats les moins impactés par la baisse des taux, donc ceux qui ont le moins d’obligations. Pour les contrats internet, nous serons sur une fourchette de 0,50 à 0,60 point de baisse. »

Votre fonds en euros « vitrine » Suravenir Opportunités devrait donc rester au-dessus des 3%…

B.LB. : « Oui puisqu’il était à 3,60% en 2015. »

Lire aussi : Les meilleurs taux pour 2016… et les autres

Vous annonciez généralement le taux de Sécurité Pierre Euro, du contrat Sérénipierre, dès le début janvier. Cette absence présage-t-elle d’une mauvaise nouvelle ?

B.LB. : « Non. Cette année, l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) nous a demandé de livrer un calendrier précis d’annonce de taux. Comme le directoire de Suravenir se tenait le mardi 17 janvier, nous ne pouvions annoncer aucun taux avant. »

Suravenir sert les plus hauts rendements sur le marché web l’an passé. Comment est-ce possible dans le contexte actuel ?
« -0,50 à 0,60 point, c’est plus que la baisse réelle du rendement brut du fonds »

B.LB. : « Le fonds dynamique Suravenir Opportunités n’est exposé aux obligations qu’à hauteur de 40% : par définition sa performance brute a peu baissé, grâce des composantes immobilière et actions orientées à la hausse. Si nous diminuons le taux client de façon significative, c’est donc afin d’améliorer la dotation à la PPB (1). Sur l’actif général, lorsqu’on parle d’une fourchette de baisse de 0,50 à 0,60 point, c’est là encore plus important que la baisse réelle du rendement brut du fonds. Nous réalisons notre plus grosse dotation historique à la PBB en 2016. C’est vrai chez nous mais je pense que cela est aussi vrai chez de nombreux assureurs. Tout le monde applique la consigne [de l'ACPR, NDLR]. »

Selon les statistiques de Good Value for Money, votre PPB dépassait de peu 1% des encours fin 2015. Est-ce trop peu ?

B.LB. : « On va l’améliorer d’environ un demi-point. Nous ne sommes effectivement pas dans la fourchette haute du marché en termes de PPB. »

Lire aussi : Le fonds en euros de votre assurance-vie est-il en bonne santé ?

Vous pourrez donc moins bien réagir en cas de taux durablement bas, ou en cas de remontée brutale…
En termes de réserves, « nous ne sommes effectivement pas dans la fourchette haute du marché »

B.LB. : « La recommandation [du régulateur] vise plus le scénario de forte remontée des taux : l’assurance-vie se trouverait alors en concurrence désavantageuse par rapport à d’autres placements. Cette très forte hausse n’est évidemment pas notre scénario, mais le scénario de stress que l’autorité de tutelle nous demande d’appliquer pour en analyser les conséquences. »

Votre principal concurrent sur le marché web, Generali, assume une volonté de décollecte sur les fonds en euros. N’avez-vous pas peur de diluer vos actifs en cas de trop forte collecte sur les fonds en euros ?

B.LB. : « Nous menons une politique de maîtrise de la collecte sur les fonds en euros, au travers de contraintes de versement en unités de compte (UC) notamment. L’année dernière, la collecte nette en UC a fortement progressé alors que la collecte nette en euros a diminué, tout en restant légèrement positive puisque nous ne cherchons pas à aller jusqu’à la décollecte. »

Est-ce grâce aux assurances-vie du Crédit Mutuel Arkéa que vous servez des taux élevés sur les contrats web ?
Pour les contrats web et bancaires, « nous essayons de nous positionner par rapport à nos concurrents »

B.LB. : « Beaucoup de produits reposent sur l’actif général. A partir du moment où nous donnons des taux différenciés, cela veut dire que nous prélevons plus de marge sur certains et moins sur d’autres. Notre activité se répartit aujourd’hui sur trois marchés. La distribution bancaire du Crédit Mutuel Arkéa représente le tiers de notre activité : nous nous alignons alors sur les rémunérations que peuvent servir nos concurrents directs que sont le Crédit Agricole, la Banque Postale, etc. Le deuxième canal, qui représente lui aussi environ un tiers de notre activité, c’est internet : nous essayons de nous positionner par rapport à nos concurrents, avec des taux effectivement plus élevés que sur le marché grand public. Entre les deux, nous avons l’épargne patrimoniale, proposée par les CGPI (2) et banques privées via Primonial et Vie Plus : là aussi nous ne positionnons vis-à-vis des assureurs opérant sur le même canal. Les caractéristiques des assurances-vie ne sont pas les mêmes sur ces trois marchés spécifiques : en termes de frais de gestion, de sommes présentes sur les contrats, etc. Il n’est donc pas illogique que les rendements soient différents. »

Lire aussi la seconde partie de l’interview : Pourquoi Suravenir pousse à la gestion pilotée

Mise à jour : 3,10% pour Suravenir Opportunités

Mardi 24 janvier, l'assureur a annoncé un taux de 2,30% pour Suravenir Rendement sur l'année 2016, et de 3,10% pour Suravenir Opportunités.

(1) Provision pour participation aux bénéfices. Lire à ce sujet : Comment les assureurs stockent des bénéfices en réserve avec la PPB

(2) Conseillers en gestion de patrimoine indépendants