Des taux de l’assurance-vie qui s’annoncent en forte baisse pour 2016, les marchés boursiers sur courant alternatif, le nouveau PEL qui ne rapporte plus que 1%… Après une année 2016 plutôt morose, quels placements pourraient tirer leur épingle du jeu en 2017 ?

L’année 2016 n’a pas consacré un produit star. Les collectes en témoignent puisque le champion des dernières années, l’assurance-vie, a fini par tomber dans le rouge, de manière symbolique, en octobre. « Jusqu’à présent la France avait résisté à la baisse des taux, notamment sur l’épargne réglementée », analyse Didier Davydoff, directeur de l’Observatoire de l’épargne européenne (OEE). « En 2016, il y a eu des ajustements, on assiste donc à un dégonflement de l’épargne réglementée », sur le Plan épargne logement notamment.

Quels placements vont attirer en 2017 ? Quels paris les épargnants et investisseurs peuvent-ils tenter ? « C’est peut-être encore plus illisible qu’il y a un an ! », affirme d’emblée le conseiller en gestion de patrimoine indépendant (CGPI) Yves Gambart de Lignières. Tentatives de réponse, produit par produit.

Assurance-vie : les Français prêts à prendre des risques ?

La tendance s’est amorcée en 2015, elle se confirme en 2016. Les supports en unités de compte (UC), sans garantie en capital à la différence des fonds en euros, drainent désormais la majorité de la collecte nette (versements moins retraits). Sur les onze premiers mois de l’année, la collecte nette des UC atteint 13 milliards d’euros, pour 16,8 milliards au total. Les épargnants ont-ils basculé des fonds en euros vers les UC, comme le souhaitent les assureurs ? « J’hésite beaucoup à parler de bascule », tempère l’économiste Didier Davydoff. « En regardant les cotisations [collecte brute, NDLR], on s’aperçoit que les UC représentent moins d’un quart des flux. Cela me paraît encore fragile comme évolution. »

1,70% pour les fonds en euros en 2017 ?

En annonçant des rendements 2016 en recul, et en mettant en avant des bonifications en cas de versement sur les UC, les assureurs vont toutefois intensifier leurs incitations à investir sur les supports risqués. « Il y aura sans doute des baisses de l’ordre de 0,60 point [pour les rendements 2016 des fonds euros, NDLR], ce qui est assez inédit dans l’histoire de l’assurance-vie », juge José Fernandez, directeur de l’offre financière de l’UFF. Et les rendements 2017, ceux qui seront annoncés dans un an ? Dans ses pronostics, AG2R la Mondiale prédit une baisse moins prononcée : 1,70% en moyenne au titre de l’année 2017, contre 1,90% pour 2016.

Conseil d'expert

« Il y aura toujours une place pour le fonds en euros dans une allocation ! » estime José Fernandez, du réseau de conseil patrimonial UFF. « Cela reste un instrument de sécurisation et de stabilisation : il ne faut peut-être en conserver que 15% à 20% de son allocation mais sans se désengager de façon brutale. »

Bourse et placements risqués : ne pas se préoccuper des chocs ?

Chute de la bourse début 2016, Brexit, élection de Donald Trump : les marchés boursiers ont été extrêmement heurtés en un an. Pour un résultat finalement surprenant : le CAC40 va clore l’année en hausse. « Les actifs risqués devraient à nouveau séduire en 2017 », juge José Fernandez, de l’UFF, à la lueur de ces évolutions. De nombreuses études montrent en effet que les Français achètent des actions quand le CAC40 est haut, et vendent quand il est bas. Et si de nouveaux chocs politiques s’annoncent en 2017 ? « Pour nous, c’est justement de bons moments où il faut investir en actions, et sur un horizon lointain, 8-10 ans par exemple », ajoute José Fernandez.

« Renoncer à croire au Père Noël »

Reste à éviter les sorties de route. Pour cela, le mot d’ordre est toujours le même : diversification. Dans une tribune publiée le 22 décembre, Sandy Campart, le directeur de l’IUP banque finance assurance-IAE Caen, invite l'investisseur à « diversifier » et à se concentrer sur « la performance globale de son patrimoine plutôt que celle des classes d’actifs qui le composent ». Et, surtout, de renoncer à « croire au Père Noël », car « aucun support n’allie seul performance, absence de risque et liquidité ».

Quels types de fonds pour 2017 ?

José Fernandez conseille en priorité les « placements de décorrélation » : « Il faut diversifier, bien entendu, mais surtout chercher à parier sur le long terme avec des actifs peu sensibles aux chocs financiers. » Exemple : les « fonds à échéance, buy and hold, accessibles en direct ou via l’assurance-vie ». Le gestionnaire de fortune Yves Gambart de Lignières est sur la même longueur d'ondes, conseillant notamment les « fonds patrimoniaux », supports peu volatils le plus souvent appelés « [Nom du gestionnaire] Patrimoine ». Toujours pour limiter les risques, José Fernandez livre un double conseil : « réaliser des versements programmés, en échelonnant l’investissement d’une somme en plusieurs fois, et être assez réactif dans l’écrêtage [la sécurisation, NDLR] des plus-values. »

L’immobilier, éternelle valeur sûre ?

Qu’il s’agisse du marché de l’investissement locatif, de l’immobilier neuf ou ancien, le bilan 2016 reste le même : très positif, avec des volumes de ventes record. « En 2016, l’immobilier sous toutes ses formes a attiré nos clients, aussi bien en direct via l’investissement Pinel que via les SCPI », témoigne ainsi José Fernandez, du réseau UFF. « Nous avons aussi réalisé une belle collecte sur les supports SCI de l’assurance-vie. » En 2017, ce réseau patrimonial prévoit « une activité importante du fait des taux toujours bas ». Est-ce opportun d’investir sur la pierre en 2017 ? « Ce n’est plus le moment », juge pour sa part le CGPI Yves Gambart de Lignières en faisant référence à la remontée des prix.

Plan épargne logement, la fin de la période dorée ?

Côté placement bancaire, le PEL était le « tube » des années 2014 et 2015. Malgré une nouvelle diminution de la rémunération, en février, l’année 2016 a commencé sur les mêmes bases. Mais la collecte s’essouffle depuis que le taux contractuel a été abaissé à 1%, au 1er août. « L’âge d’or du PEL semble passé », confirme l’économiste Didier Davydoff. « La rémunération de 2,50% [valable pour les plans ouverts jusqu’au 31 janvier 2015, NDLR] était quand même extraordinaire en cette période de taux bas », ajoute-t-il. « Les chargés de compte ne le recommandent plus à leur clientèle. » L’année 2017 s’annonce donc loin des records de 2015.

Conseil d'expert

« Concernant le sécuritaire, je préfère toujours l’assurance-vie en euros à un PEL, qui ne permet pas les retraits partiels », conseille le gestionnaire de patrimoine Yves Gambert de Lignières. Reste à savoir si l’épargnant en question dispose déjà d’un PEL. Ceux qui ont ouvert un plan avant 2016 profitent en effet d’un produit avec un rendement garanti de 2%, 2,50% voire plus pour les anciennes générations. Difficile à battre.

Epargne de précaution : livret ou compte courant ?

Malgré un très léger rebond de l’inflation et des taux d’emprunts d’Etat, fin 2016, les taux de marché restent très bas. « Difficile » de deviner comment les Français vont réagir selon le directeur de l’Observatoire de l’épargne européenne Didier Davydoff : « Il y a deux réactions possibles. La première, à l’allemande : épargner plus pour compenser la baisse des rémunérations. La seconde : juger que cela ne vaut plus la peine d’épargner et donc laisser son argent sur les comptes courants, ou consommer plus. »

« On est moins pressé de placer son argent »

En 2016, les Français ont abondamment doté leurs comptes courants : plus de 25 milliards d’euros selon la Banque de France sur les trois premiers trimestres. « Une tendance spectaculaire ! » confirme Didier Davydoff. « Cela reste de l’épargne, même si elle n’est pas rémunérée. Le fait de grossir les comptes-chèques, c’est surtout l’illustration que l’on est moins pressé de placer son argent. » Ce rôle, celui du placement d’attente et de l’épargne de précaution, était jusqu’à présent dévolu au Livret A. « Ce phénomène risque de continuer tant que les taux seront faibles », estime l’économiste.

La présidentielle 2017, quel impact ?

L’échéance présidentielle pourrait-elle chambouler les choix des Français ? Probablement pas selon Didier Davydoff, sauf en cas de réforme fiscale : « Si l’ISF est supprimé et que les produits d’épargne ne sont plus soumis au barème de l’impôt sur le revenu, alors il pourrait y avoir un regain d’intérêt pour l'épargne financière. »