Depuis le 1er décembre 2016, l’offre de Boursorama s’est enrichie d’un « compte bancaire professionnel », destiné aux entrepreneurs individuels et auto-entrepreneurs, et facturé 9 euros par mois. A ce prix, la banque en ligne fait-elle mieux que la concurrence ?

Le compte pro, nouvelle frontière de la banque numérique ? On en est encore loin, mais ça frémit. Un des leaders français de la banque à distance, Boursorama Banque, a lancé depuis le 1er décembre un compte dédié aux entrepreneurs individuels et aux auto-entrepreneurs. Ou relancer plus précisément : la filiale de la Société Générale s’était déjà intéressée par le passé à ce marché, avant de mettre son offre entre parenthèses.

Dans l’immédiat, le compte Boursorama Pro se fait plutôt discret : pas de communiqué de presse, pas de mise en avant sur la vitrine web de l’enseigne, pas de campagne de promotion. Mais il apparaît bien sur la dernière brochure tarifaire de l’enseigne, datée du 1er décembre. Son tarif ? 9 euros par mois. Pour ce prix, les entrepreneurs individuels et les auto-entrepreneurs, à l’exception de ceux déclarés en EIRL (1), bénéficient d’une carte bancaire, d’un livret pro, d’outils de gestion de budget (agrégateur de comptes, catégorisation, notifications, etc.) et de la gratuité sur une série de services comme l’émission de chèques de banque, la mise en place de prélèvements SEPA B2B ou la mise à disposition d’un découvert, dans la limite de 4.000 euros.

Une marché qui intéresse les néobanques

Avec cette nouvelle offre, Boursorama s’adresse à un marché relativement jeune, qui s’est ouvert le 1er janvier 2015. Depuis cette date en effet, au nom de la lutte contre la fraude sociale, les entrepreneurs individuels, y compris les auto-entrepreneurs, ont l’obligation de posséder un compte dédié spécifiquement à leur activité professionnelle, pour déposer leurs recettes et effectuer les dépenses liées à leur activité (2). Un compte dédié, mais pas nécessairement un compte professionnel au sens strict : un simple compte particuliers suffit.

Certains acteurs se sont engouffré dans la brèche. C’est le cas de Soon, le service bancaire mobile adossé à Axa Banque, qui a immédiatement orienté sa communication vers les auto-entrepreneurs. Son offre, strictement identique à celles des particuliers, se limite au strict minimum (une compte, une carte, un chéquier, un livret). Mais elle a l’avantage d’être très bon marché : seuls les chèques de banques, l’assurance moyens de paiement renforcée et les opérations à l’international sont facturés.

Autre acteur particulièrement intéressé par la clientèle professionnelle : Anytime. La néobanque est en train de développer une offre dédiée, plus riche que celle de Soon, puisqu’elle comprend notamment la possibilité d’encaisser des paiements par carte ou par internet. Elle a toutefois un coût : 9,50 euros par mois.

Lire aussi : Compte sans banque : pourquoi Anytime s'intéresse aux professionnels

6,50 euros à la Caisse d’Epargne, 21 euros à la Banque Postale

Qu’en est-il du côté des banques traditionnelles ? Certaines s’intéressent également aux entrepreneurs individuels et leur dédie des offres. C’est le cas par exemple de la Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire, qui propose un forfait à partir de 6,50 euros par mois. Un tarif inférieur à celui de Boursorama Banque, mais qui ne comprend pas de carte bancaire.

Le CIC, de son côté, attire les auto-entrepreneurs avec une offre sans frais jusqu’à 3.000 euros de mouvements sur le compte par trimestre. Au-delà, ce package, qui contient le compte, la carte bancaire, l’accès à la banque en ligne et l’assurance moyens de paiement, est facturée à partir de 18 euros HT par mois. Du côté de la Banque Postale, la Formule de Compte Pro, comparable à celle du CIC, débute à 21 euros par mois. Soit un peu plus du double du compte pro de Boursorama.

Des limites spécifiques aux banques en ligne

Ouvrir un compte professionnel dans une banque en ligne comme Boursorama Banque, c’est sans doute intéressant financièrement. Mais cela signifie aussi se confronter à certaines limites. Les mêmes, de fait, que les particuliers, mais qui peuvent poser problème dans le cas de pros.

Le principal problème, évidemment, est celui des encaissements : les entrepreneurs individuels qui acceptent les chèques ne peuvent en effet espérer les déposer dans des agences qui n’existent pas. Pour créditer leurs comptes, une seule solution : l’envoi par la Poste, avec les risques que cela comporte (ou les coûts dans le cas d’envois en recommandé). Quant aux espèces, leur dépôt est tout simplement impossible.

Le problème est d’autant plus aigu que Boursorama Banque, au contraire d’Anytime par exemple, ne propose pas de solutions d’encaissement par carte bancaire.

(1) Entrepreneur individuel à responsabilité limitée

(2) La loi Sapin II, promulguée le 10 décembre 2016, introduit, pour les auto-entrepreneurs, un délai de 12 mois à compter de la création de l'entreprise pour satisfaire à l'exigence d'un compte séparé.