La révolution numérique, qui a fait basculer l'essentiel des annonces immobilières sur internet, n'a pas marginalisé les agents immobiliers en France, souligne un rapport de l'organisme de réflexion France Stratégie rattaché au Premier ministre.

Contre toute attente, souligne l'économiste Bernard Vorms auteur du rapport, « les professionnels en place n'ont pas été marginalisés, comme cela a pu être le cas dans d'autres secteurs des services », notamment celui des voyagistes. « La part des ventes réalisées par l'intermédiaire des agents immobiliers serait restée globalement stable », aux alentours de 60%, souligne-t-il.

Pourtant « dans tous les pays, la révolution numérique a transformé le marché du logement », selon ce rapport commandé par les anciens ministres du Logement et de l'Economie, Sylvia Pinel et Emmanuel Macron. Ses auteurs ont analysé la transformation du secteur immobilier en France, au Canada, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni à l'ère numérique.

Des honoraires qui restent élevés

En dépit de cette mutation numérique, le niveau moyen des honoraires d'agences est resté élevé en France, entre 4,5% et 5% du montant de la transaction, aux dires des agents immobiliers. Il est bien supérieur au taux de 1,6% perçu au Royaume-Uni mais proche des taux rencontrés aux États-Unis et au Canada : 5,5% à 6%, partagés entre l'agent du vendeur et celui de l'acheteur.

« Pourquoi ce qui est possible au Royaume-Uni serait impossible en France, aux États-Unis et au Canada », s'interrogent les auteurs, sans apporter de réponse. « A ce jour (...) la disruption n'a pas eu lieu, ou pas encore. Mais l'histoire n'est pas achevée », ajoutent-ils. Dans cette révolution, le rapport pointe une crainte du secteur : que des géants comme Google ou Facebook décident de créer des filiales jouant « le rôle des agences en comptant sur leur puissance de calcul pour contrôler le processus de recherche du consommateur », entraînant à terme la « vassalisation » des agences immobilières, comme ce fut le cas dans l'hôtellerie avec Booking.

Peu de données fiables sur le nombre d'agences

Le rapport note la difficulté de trouver des données fiables sur le nombre d'agences et d'agents immobiliers de l'Hexagone, évalués respectivement à 25.000 et 38.000 par la Chambre nationale syndicale des intermédiaires et mandataires.

L'innovation qui accompagne la révolution numérique a favorisé l'apparition de nouveaux acteurs, des portails d'annonces aux « réseaux de mandataires » qui portent « à l'extrême l'externalisation des fonctions commerciales » grâce à internet. Le rapport propose une liste de recommandations, de la dématérialisation des documents à un « égal accès » de tous aux données de prix et de loyers, dont la communication par l'Etat est « obligatoire ».