L'ex-ministre de l'Economie et candidat à la présidentielle Emmanuel Macron a présenté lundi les « grands axes » de ses propositions en matière de logement, dont un « bail mobilité », plus court et moins protecteur, pour faciliter l'accès des précaires à la location.

« Dans le parc privé, je souhaite qu'on puisse expérimenter un bail mobilité qui soit réservé aux publics les plus en difficulté (...) celles et ceux dont on sait aujourd'hui qu'ils ont énormément de mal à accéder au logement », a déclaré le fondateur du mouvement En Marche lors d'une conférence organisée par le réseau d'agences immobilières Orpi.

Par rapport aux baux actuels, ce nouveau type de bail serait conclu « pour moins d'un an, avec des droits plus restreints pour le locataire, mais permettant justement l'entrée dans le marché de certains publics face à un droit très monolithique dedans/dehors », a-t-il proposé. « On ne peut pas se retrouver dans la situation ubuesque d'aujourd'hui, où des publics restent complètement en dehors du marché locatif et où on a des biens qui de manière croissante sortent du marché locatif vers des marchés type Airbnb », a estimé Emmanuel Macron.

Pour les zones tendues

Ce bail serait réservé aux « zones tendues », où les besoins de logement sont forts, et serait encadré pour éviter qu'il se généralise, a-t-il ensuite précisé. Emmanuel Macron, qui lève peu à peu le voile sur un programme resté longtemps mystérieux, a présenté les grands axes de ses propositions en pointant les « incohérences » de la politique actuelle. Il a notamment souhaité abandonner les grands objectifs nationaux de construction de logement pour les concentrer sur trois grandes agglomérations : Paris, Aix-Marseille et Toulouse, où les besoins sont les plus forts. L'ancien locataire de Bercy a proposé « un dispositif un peu exceptionnel » pour inciter aux chantiers dans ces secteurs, qu'il détaillera prochainement.

Interrogé par un professionnel sur l'encadrement des loyers introduit par la loi Duflot, Emmanuel Macron a estimé qu'il avait « beaucoup d'effets pervers », notamment le manque de mobilité des logements ou la fuite des investisseurs. Mais il s'est opposé à sa suppression pure et simple, proposant de la « débrancher progressivement ». « Il faut évaluer cette mesure. Avant de la débrancher, il faut répondre à la problématique de l'offre » de logements, a-t-il dit, observant que la loi avait permis « malgré tout une petite modération » des loyers.

Stabilité fiscale pour le logement

Emmanuel Macron s'est également engagé à ce qu'aucune nouvelle norme ne vienne s'ajouter pendant le prochain quinquennat, en défendant également une stabilité fiscale dans un secteur qui a souffert du tournis en la matière. Concernant la rénovation thermique des bâtiments, un des chantiers prioritaires de la politique environnementale française mais qui peine à atteindre les objectifs, l'ancien ministre a dit vouloir s'inspirer du Green Deal britannique.

Appelant globalement à réduire les « droits de mutation », plus connus sous le nom de « frais de notaire », il s'est montré très favorable à l'idée de baisser ces taxes quand l'acquéreur mène des travaux de rénovation énergétique.

En matière de logement social, il a aussi souhaité mettre la priorité sur l'Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte d'Azur où les besoins sont les plus importants. Et proposé une « politique très volontariste » pour dégager des terrains à bas coût. Le candidat doit préciser « dans les prochaines semaines » son programme global en matière de logement.