Six mois après le scandale des « Panama papers », le Panama s'est engagé jeudi à plus de transparence en signant la convention multilatérale contre la fraude fiscale élaborée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Cet accord fiscal, présenté comme « l'instrument multilatéral le plus puissant » dans la lutte contre la fraude, impose de transmettre des informations fiscales à n'importe lequel des pays signataires qui en font la demande. Outre le Panama, 104 pays ont signé cette convention. « Par cette signature, le Panama montre qu'il donne corps à son engagement de coopérer pleinement avec la communauté internationale en matière de transparence », s'est réjoui l'OCDE dans un communiqué à l'issue de la cérémonie de signature.

L'attitude des autorités panaméennes avait été vivement critiquée après le scandale dit des « Panama Papers », né de la publication en avril de près de 11,5 millions de documents issus d'un bureau d'avocats panaméen, Mossack Fonseca. Ces documents, révélés par une une centaine de pays dans le monde, ont mis au jour un vaste système d'évasion fiscale impliquant de hauts responsables politiques, sportifs ou milliardaires.

« Prendre les mesures nécessaires pour répondre aux attentes »

Après le scandale, le pays d'Amérique centrale s'était officiellement engagé auprès de l'OCDE à l'échange automatique d'informations financières, conformément à la norme approuvée en 2014 par le Forum sur la transparence et l'échange de renseignements. Mais cet engagement n'avait pas encore été formalisé.

Avec cette signature, le Panama confirme « son engagement à prendre les mesures nécessaires pour répondre aux attentes internationales », a estimé le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurría, cité dans le communiqué. Cet accord, « qui vient s'ajouter à des modifications législatives récentes » au sein du pays d'Amérique centrale, « témoigne des bonnes dispositions du Panama et de son engagement à avancer sur la voie de la transparence », a ajouté Angel Gurría.

« Panama envoie un signal très fort et plus qu'un signal, il s'engage dans une obligation juridique à échanger de renseignements avec tout le monde », a déclaré à l'AFP Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d'administration fiscales de l'OCDE. « Aujourd'hui, nous avons plus de 500.000 personnes dans le monde qui ont dévoilé des comptes bancaires offshore à la perspective de l'échange automatique de renseignements », selon ce responsable. Après le scandale des « Panama Papers », les grandes puissances du G20 ont promis de dresser une nouvelle liste noire des paradis fiscaux non-coopératifs, en l'assortissant de sanctions.

« C'est aujourd'hui un pas décisif », a affirmé pour sa part Pilar de Aleman, l'ambassadrice du Panama en France, tout en assurant que « ce pays que décrivent les Panama Papers est un pays qui n'existe pas, c'est le pays de John Le Carré ».