Internet est devenu, et de très loin, le premier canal relationnel entre les banques et leurs clients. Pourtant, certaines banques (près de 30%) continuent à facturer l’accès aux espaces clients en ligne. Le point sur cet anachronisme.

Les brochures tarifaires 2017 des banques n’ont pas encore toutes été publiées que certains, déjà, l’annoncent : les frais bancaires vont exploser en 2017. Un phénomène dû principalement à l’inflation des frais de tenue de compte et de retraits hors réseau, et dont l’objectif est à peine dissimulé par les banques : il s’agit de récupérer par ce biais une partie des marges qui se sont envolées en raison des taux historiquement bas imposés par la Banque centrale européenne.

Il y a toutefois une ligne tarifaire qui devrait échapper à la tendance : il s’agit de « l’abonnement permettant de gérer ses comptes sur internet », pour reprendre la terminologie consacrée. Ce dernier est généralement inclus dans les forfaits de compte qui équipent une majorité de clients. Pour les autres, ceux qui choisissent de régler les produits et services à la carte, la facture tend à baisser. De 2,35 euros en moyenne par mois en 2015, elle est passée à 1,92 euros actuellement. La banque la moins chère fait payer 1 euro par mois, la plus chère 4,26 euros.

Une pratique régulièrement en repli

C’est une surprise : il y a encore, en 2016, des banques qui facturent à leurs clients le simple fait de consulter leur solde ou d’effectuer un virement depuis leur espace client en ligne. En 2011, il s’agissait même d’une des 10 lignes tarifaires les plus couramment facturées, puisqu’elle figure dans l’extrait standard des tarifs, placé depuis cette date en tête des brochures.

Cinq ans plus tard, la situation a évolué et la pratique n’est plus, loin de là, majoritaire. Chaque année, le nombre d’enseignes françaises de banque de détail passant à la gratuité progresse : elles étaient 79 en 2014, 84 en 2015, 99 en 2016 et vont passer la centaine (102 au moins) en 2017, selon le comparatif cBanque des tarifs bancaires. Dans le même temps, le clan des banques facturant l’accès à la banque en ligne est passé de 48 en 2014 à 41 début 2017. Soit un peu plus de 28% des enseignes.

Le web, premier canal de la relation banque-client

Il est loin le temps où la gestion de compte sur internet pouvait passer pour une lubie de technophiles pouvant justifier une facturation. Le site web est aujourd’hui, et de très loin, le premier canal relationnel entre le client et sa banque. Selon l’enquête Relations banques et clients, publiée en septembre par le cabinet Deloitte (1), 77% des clients l’utilisent pour consulter leurs comptes et 72% pour réaliser des opérations simples. Internet devance très largement le mobile (27% pour la consultation, 21% pour les opérations simples) et l’agence (15% pour la consultation, 23% pour les opérations simples).

Le Crédit Mutuel, spécialiste du genre

Qui sont ces 41 établissements qui facturent encore l’accès à la banque en ligne ? Beaucoup de banques régionales, mais pas seulement. Trois enseignes d’envergure nationale figurent dans la liste : le CIC, le Crédit Coopératif et la Banque privée européenne (BPE), filiale patrimoniale et gestion de fortune de la Banque Postale. On y retrouve également les enseignes du groupe Crédit du Nord (2), qui appartient à la Société Générale.

Côté banques mutualistes, c’est le Crédit Mutuel qui remporte la palme : 15 de ses enseignes régionales (3) font encore payer l’accès aux comptes par internet. La Banque Populaire suit de près : outre le Crédit Coopératif, ce sont onze filiales (dont plusieurs crédits maritimes) (4) qui pratiquent encore cette tarification. C’est le cas aussi de trois Crédits Agricoles (5).

A noter, pour finir, le cas particulier du Crédit Mutuel Maine-Anjou Basse Normandie. Il est en effet le dernier à facturer l’accès à la banque en ligne à la connexion : 0,50 euros à chaque consultation, après 2 connexions gratuites par mois. Comme au bon vieux temps du Minitel.

(1) Etude réalisée en juin 2016 par Harris Interactive, sur un échantillon de 3.327 clients particuliers de banques françaises représentatifs de la population nationale, interviewés en ligne. (2) Banque Courtois, Banque Kolb, Banque Laydernier, Banque Nuger, Banque Rhône-Alpes, Banque Tarneaud, Crédit du Nord, Société Marseillaise de Crédit. (3) Antilles-Guyane, Océan, Dauphiné-Vivarais, Loire-Atlantique Centre Ouest, Centre Est Europe, Centre, Anjou, Méditerranéen, Nord Europe, Normandie, Île-de-France, Midi-Atlantique, Sud Est, Savoie-Mont-Blanc. (4) Banque Chaix, de Savoie, Marze, Dupuy de Parseval, Crédits Maritimes Littoral du Sud-Ouest, Atlantique, Méditerranée, Banques Populaires Provençale et Corse, Atlantique, du Sud, Alsace Lorraine Champagne. (5) Crédits Agricoles Centre Loire, Sud Rhône Alpes, Alsace Vosges.