L’intersyndicale CFDT, SNB et CGT du Crédit Mutuel Arkéa a écrit ce matin aux administrateurs de la banque bretonne pour leur demander d’infléchir la position de sa direction, engagée dans un bras de fer avec la Confédération nationale, dont elle craint les conséquences pour l’activité commerciale.

« Les organisations syndicales partagent la volonté du président Jean-Pierre Denis de préserver l’autonomie du groupe Crédit Mutuel Arkéa, mais émettent de fortes réserves sur la stratégie qu’il a retenue pour y parvenir », écrivent-ils dans ce courrier adressé aux présidents et aux administrateurs des caisses locales d’Arkéa. Ces derniers vont être réunis entre le 19 et le 21 octobre en assemblées générales exceptionnelles, afin notamment de se prononcer sur la création d’un nouvel organe central, indépendant de la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM).

C’est justement ce que craint l’intersyndicale. « Ce projet est en contradiction avec les statuts de la Confédération et avec le processus de renforcement de l’organe central du Crédit Mutuel demandé par les régulateurs et validé par notre ministre de tutelle », peut-on lire dans un communiqué de presse diffusé en même temps que la lettre aux administrateurs. En tant que banque systémique, le groupe Crédit Mutuel est en effet contrôlé en direct par la Banque centrale européenne (BCE), au travers de la CNCM. Mais Arkéa refuse de faire remonter ses chiffres à cette dernière, qu’il juge insuffisamment indépendante du « Crédit Mutuel de l’Est », le groupe CM11-CIC.

Un risque de « fragilisation » d’Arkéa

Les syndicats craignent ainsi que la Confédération choisisse d’activer l’article 29 de ses statuts et prononce l’exclusion du Crédit Mutuel Arkéa. Un exclusion « synonyme de risques majeurs », soulignent-ils : « perte de la marque, concurrence sur un même territoire entre fédérations canal historique de Crédit Mutuel et fédérations fidèles à Arkéa, refinancement plus cher sur les marchés. Bref, fragilisation du groupe Crédit Mutuel Arkéa et du Crédit Mutuel dans sa cohésion nationale. »

L’intersyndicale demande donc aux administrateurs de convaincre les dirigeants d’Arkéa de suivre la voie de la négociation, plutôt que celle de la rupture, en acceptant de travailler à améliorer l’indépendance de la CNCM. Reste à savoir si le point de non-retour n’a pas déjà été atteint entre les deux confédérations. La CNCM, en effet, a déjà engagé de son côté une procédure de sanction, qui pourrait à elle seule mener à l’exclusion d’Arkéa.