Grâce aux forfaits de comptes destinés aux populations fragiles, mais aussi de nouveaux entrants comme le Compte Nickel, l’usage de la carte de paiement à autorisation systématique (CPAS) se développe en France, note le rapport 2015 de l’Observatoire de l’inclusion bancaire.

La carte de paiement à autorisation systématique (CPAS) a historiquement fait figure de parent pauvre des moyens de paiement en France. Les usagers lui préfèrent généralement la carte à débit immédiat, plus rapide et plus universelle. Mais cette dernière, qui ne vérifie le solde qu’à intervalles réguliers mais espacés, a l’inconvénient de permettre les paiements à découvert. Le paysage français semble toutefois en passe d'évoluer. En 2015, le nombre de CPAS émises a fait un petit bond à 2,4 millions, pour atteindre 8,6 millions d’unités en circulation. Soit 133 cartes pour 1.000 habitants.

Comment expliquer cette progression ? L’Observatoire note bien l’apparition de nouvelles initiatives dans les moyens de paiement, à l’image du Compte Nickel, qui distribue dans les bureaux de tabac des cartes à autorisation systématique reliées à une cagnotte électronique. Mais c’est surtout la présence de la CPAS dans les services bancaires de base offerts aux clients dans le cadre du droit au compte, dans la gamme de paiements alternatifs destinés aux interdits de chéquier et plus récemment dans le forfait spécifique à 3 euros pour la clientèle fragile, qui permet d’expliquer cette progression.

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Une autre caractéristique, en revanche, ne change pas : l’inégale répartition régionale de la carte à autorisation systématique. Elle reste particulièrement utilisée dans les Hauts-de-France - la région la plus pauvre de France - avec un taux d’équipement de près de 160 pour 1.000.

500.000 Français exclus du système bancaire

La carte à autorisation systématique fait partie, avec le « Livret A universel » de la Banque Postale, des dispositifs permettant d’améliorer l’accès de tous aux services bancaires. Un accès déjà « très large » en France mais « pas encore total », confirme l’Observatoire, qui chiffre à 3 millions le nombre de clients bancaires fragiles, et à 500.000 le nombre de Français exclus du système bancaire. La France comptait en 2015 près de 9 millions d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté.

Les jeunes Français moins bancarisés que la moyenne

Le taux de bancarisation - c’est-à-dire le pourcentage de la population française qui détient au moins un compte de dépôt - est très élevé en France : en 2014 il atteignait, selon la Banque mondiale, 96,6%, ce qui place la France dans les premiers pays de l’OCDE sur ce critère. Une tranche d’âge fait toutefois exception : les jeunes de 15 à 24 ans, qui n’étaient que 78,9% à posséder un compte de dépôt, une proportion sous la moyenne de l’OCDE. Une particularité que l’Observatoire attribue à des « différences de taux d’activité des jeunes (…), à l’utilisation de moyens alternatifs (cartes de retrait) et à la réglementation (âge minimum de 16 ans pour ouvrir un compte bancaire) ».