Les taux de l’assurance-vie ont baissé en 2015, et le mouvement devrait se poursuivre voire s'amplifier en 2016. Pourtant, l’an passé, les assureurs ont gonflé leurs réserves de plus d'un quart !

Sur les 1.585 milliards d’euros d’encours de l’assurance-vie à la fin 2015, 35,5 milliards étaient stockés dans la provision pour participation aux bénéfices (PPB). Cette PPB, destinée à lisser les rendements dans le temps, permet aux assureurs de conserver une part de la rémunération du fonds en euros, chaque année. Ils sont toutefois tenus de la reverser aux titulaires de contrats au bout de 8 ans au maximum.

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À en croire les données clés de la Fédération française des assureurs (FFA), ce stock a très nettement augmenté en 2015 : +27,1% en un an ! La PPB s’élevait en effet à 27,9 milliards d’euros fin 2014. Et même à 15,6 milliards d’euros fin 2011 (pour 1.334 milliards d’euros d’encours). Autrement dit, cette « poche de richesse » stockée a plus que doublé de volume en 5 ans.

Cette évolution correspond aux demandes régulières, ces dernières années, de Bercy ou encore du régulateur du secteur, l’ACPR. Le Haut conseil de stabilité financière (HCSF), présidé par le ministre des Finances, réclame ainsi à chacune de ses réunions une baisse des rendements en « adéquation » avec l’environnement de taux bas. Cette « modération » des taux passe notamment, selon le régulateur, par une dotation de la PPB.

« La réalisation de plus-values sur les marchés »

Concrètement, en 2015, les assureurs auraient donc pu verser plus que les 2,27% enregistrés en moyenne sur les fonds en euros. Mais ils ont préféré mettre en réserve. Faut-il y voir un signe de bonne santé des fonds en euros pour les années à venir, malgré les craintes de plus en plus insistantes ? Pas réellement : cette « augmentation de la provision pour participation aux bénéfices » est « notamment » le fruit de « la réalisation de plus-values sur les marchés financiers qui a permis de compenser la baisse des rendements obligataires », lit-on dans le récent tableau de bord 2015 de la FFA.

Dans son rapport sur le taux de rémunération 2015, l’ACPR confirme cette analyse : si la performance brute des fonds en euros s’est globalement maintenue, c'est uniquement grâce « aux produits de cession, par définition non récurrents ». L’ACPR relève que la dernière année au cours de laquelle les assureurs ont puisé dans leurs réserves est 2011. Depuis, chaque année, ils ont plus fortement doté cette PPB que reversé la richesse en stock. De quoi éviter, du moins à court terme, un effondrement trop soudain des rendements.

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