En 2015, les crédits à l'habitat douteux ont atteint 13,1 milliards d'euros selon le rapport annuel du régulateur sur le financement de l'habitat. Ce qui représente 6,3% de hausse sur un an.

Les taux de prêt immobilier s'affichent à des niveaux extrêmement bas, mais la progression des crédits à l'habitat sur lesquels pèsent un risque d'impayés se poursuit. Pourquoi ? L'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution avance une explication dans son rapport annuel dédié au financement à l'habitat et publié en juillet dernier : « Cette situation peut refléter la persistance d’un taux de chômage élevé, qui pénalise les crédits aux particuliers ». Elle pointe aussi un défaut de qualité des données étudiées : « Le taux d’encours douteux bruts sur les prêts à l’habitat pourrait toutefois être en partie surestimé dans la mesure où les déclarations de certaines banques incluent également une partie de leurs expositions sur les entrepreneurs individuels alors que les encours douteux qu’elles déclarent sont rapportés aux seuls crédits sains aux particuliers. »

Les acquéreurs déjà propriétaires en première ligne

Reste que la part des crédits douteux s'affiche à 1,55% pour 2015 et se rapproche des 1,69% de 2001, le point le plus haut observé jusqu'à présent. Dans le détail, la hausse des encours douteux concerne, avant tout, les acquéreurs déjà propriétaires puis les primo-accédants. Le taux d'encours douteux s'approche de 2,5% pour les premiers et dépasse légèrement 2% pour les seconds. A l'inverse, pour les rachats de crédits externes, il tombe à près de 0,6%.

Si les encours douteux augmentent, cela pourrait-il également provoquer à terme une hausse du taux de défaut pour les crédits immobiliers concernés ? Le régulateur balaye cette inquiétude : « Les taux d’encours en défaut des banques françaises sur les crédits à l’habitat distribués dans l’Hexagone se situent dans l’ensemble en-dessous de la médiane [proche de 1,9%, NDLR] des banques actives (1) sur le marché français, à l’exception de SG [Société Générale, NDLR] qui se positionne un peu au-dessus ». De plus, le taux de provisionnement des créances douteuses remonte à 29%. « Par rapport au taux de provisionnement moyen de l’ensemble des crédits douteux à la clientèle non bancaire, il se situe toujours largement en-dessous avec un écart de plus de 27 points, relativement stable depuis 2011, reflétant l’importance des garanties dont bénéficient les banques sur les crédits à l’habitat », explique l'ACPR. En 2001, ce taux de provisionnement était de 48,5%.

(1) Calculs de l'ACPR à partir des expositions sur la clientèle de détail hors PME garanties par un bien immobilier.