Les revenus des banques de détail, mis à mal par les taux bas et la pression réglementaire, résistent d’autant mieux à la crise que celles-ci sont à un stade avancée de leur transformation numérique, constate le cabinet de conseil BCG.

Dans son sixième rapport annuel sur les banques de détail (1), couvrant l’année 2015, le Boston Consulting Group (BCG) note que les revenus des banques de détail de son panel ont encore progressé de 3% l’an passé. Mais l’écart de performance se creuse entre les enseignes qui ont investi massivement les canaux digitaux (internet et mobile) et les autres. Le cabinet estime ainsi à 53% l’écart de profit moyen par client, entre les enseignes les plus avancées et les autres.

Si la transition entre l’ancien et le nouveau monde représente un coût pour les enseignes, elle permet aussi de rapides retours sur investissement, grâce aux baisses de charges et aux nouvelles opportunités commerciales créées. Les nouveaux canaux permettent, en effet, aux clients de réaliser en autonomie des opérations autrefois effectuées par les conseillers. Et la meilleure connaissance du client grâce à l’analyse de ses données améliorent la qualité du conseil, et donc les ventes. « La transformation digitale permet une augmentation de la productivité et de l'efficacité commerciale », résume Olivier Sampieri, directeur associé du BCG. « Dans un environnement sous pression, avec des taux bas, la simplification obtenue grâce à la digitalisation est indispensable pour rester compétitif ».

L’Europe en retard

Dans le domaine, les banques de détail européennes affichent un certain retard. La transformation numérique s'avère plus complexe à mettre en œuvre sur des marchés matures, où les usages des clients sont ancrés de longue date. Résultat : les revenus des banques d’Europe de l’Ouest ont baissé de 1% entre 2010 et 2015. Les banques occidentales (Europe et Amérique) représentent toujours 62% du marché mondial de la banque de détail, mais captent seulement 30% de sa croissance.

A l’inverse, les enseignes d’Asie-Pacifique, qui représente environ 30% des revenus globaux, affichent de belles promesses de croissance dans les années à venir : +8% par an entre 2015 et 2019, estime le BCG, contre 3% pour les banques de détail européennes.

Le challenge des fintechs

L’amélioration de l’efficacité opérationnelle des banques grâce au numérique est d’autant plus stratégique que la pression sur les tarifs va s’accroître, en particulier avec la concurrence des fintechs. Ainsi, au final, « l’impact [de la transformation numérique] devrait être globalement neutre sur les revenus du secteur, les opportunités de ventes supplémentaires étant compensées par la pression sur les tarifs », estime Olivier Sampieri. « En revanche, les gains de parts de marchés seront importants pour les acteurs qui adaptent le plus rapidement leur modèle. »

(1) Banking on Digital Simplicity, basé sur l’analyse des performances 2015 de 20 des plus grandes banques de détail mondiales, rassemblant 220 millions de clients.