Si vous recherchez des rendements plus élevés que ceux d'une épargne sécurisée, il n'y a pas de secret : il faut prendre des risques, mais pas inconsidérés. Tour d'horizon sur les pistes possibles pour réorienter votre épargne vers un peu plus de performances en cette rentrée 2016.

1% pour le Plan épargne logement. 0,75% pour le Livret A : ce sont les taux de l'épargne réglementée. Est-il possible d'obtenir plus ? 3% ? 5% ? Oui, à condition d'accepter de prendre des risques. Et pour le coup, « l’environnement économico-financier va demeurer relativement favorable pour les actifs risqués », annonce Benjamin Melman, directeur des allocations d'actifs et des dettes souveraines de Edmond de Rothschild Asset Management.

Stefan Kreuzkamp, directeur des gestions de Deutsche Asset management (DAM), prévient toutefois : « Bien que nous prévoyions une accélération de la reprise économique en 2017, nous envisageons également une augmentation des risques politiques qui, potentiellement, pourrait impacter les marchés financiers ».

L'ombre du Brexit et du Japon

Tous les choix d'investissement ont un paramètre commun, le Brexit et ses conséquences, qui mettent les autres facteurs au second plan. « Le vote en faveur du Brexit va probablement ralentir la croissance, non seulement au Royaume-Uni, mais aussi en Europe », estime ainsi Stephen Kreuzkamp.

Autre source de préoccupation : le Japon. « La politique d'assouplissement monétaire menée par la Banque du Japon n'a pas permis de relancer la croissance et l'inflation », constate Pictet Asset Management dans son brief du mois de juillet. La société de gestion estime d'ailleurs qu'il reste une option pour la Banque centrale du Japon : « L'arme radicale de l'hélicoptère monétaire (1) ». Une éventualité également évoquée depuis de nombreux mois pour la zone euro, mais que la Banque centrale européenne a jusqu'à présent écartée.

En résumé, il faut rester prudent avec les actifs risqués, même si des opportunités existent, en ne prenant pas de risques inconsidérés, comme se laisser tenter par les options binaires ou le Forex. D'ailleurs pour les gérants de fonds qui arbitrent entre les monnaies, l'effet Brexit est passé. « Le dollar US semble en mesure de se renforcer plus tard dans l’année », projette DAM. Quant au yen, il retrouve son statut d'alternative pour diversifier le risque, tout comme l'or dans un autre registre.

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Les obligations tournées vers la remontée des taux américains

Pour DAM, la politique monétaire de la BCE « devrait générer des opportunités pour les investisseurs » sur le marché obligataire. Tout comme celle de la Réserve Fédérale américaine, qui pourrait relever à nouveau ses taux directeurs. « Si les taux directeurs s’établissent à 1% à la fin du cycle de resserrement monétaire, un niveau modeste par rapport aux cycles passés, les taux obligataires américains n’iront pas beaucoup plus haut que leur niveau actuel (le Treasury Bond US à 10 ans s’établit aujourd’hui à 1,58%) », pronostique pour sa part Lieven Jacob, directeur de la gestion de Quilvest Asset Management (QAM).

En tout cas, les marchés ne devraient pas être déstabilisés par une telle décision car « la croissance économique demeure robuste et les tensions salariales, longtemps attendues, se manifestent clairement », signale QAM. En clair, la hausse des taux directeurs américains paraît une décision raisonnable et attendue. Seul le timing est sujet à spéculation. Cette hausse est espérée pour le 21 septembre, mais elle peut tout aussi bien intervenir un peu plus tard dans l'année.

Des marchés actions très volatils

Ce manque de visibilité des banques centrales joue avec les nerfs des investisseurs sur le marché des actions. Par chance, la « hausse estivale a été nourrie par des volumes restreints, une faible volatilité signe de complaisance et l’absence de mauvaises nouvelles », avertit Nicolas Cheron, stratégiste pour CMC Markets. « Fondamentalement, les opérateurs ont souligné les résultats d’entreprises américaines dont 75% étaient supérieurs aux attentes (...) et l’absence de conséquences néfastes à court terme du Brexit, dont l’échéance a été renvoyée en avril 2017 à première vue. »

Parmi les fonds actions éligibles à un Plan d'épargne en actions (PEA), tous secteurs confondus, cinq affichent des performances annuels supérieures à 20% (au 23 août 2016) : Kirao Ristretto (+24,37%), ID France Smidcaps (+21,38%), Quadrige Rendement (+20,26%), Amplégest PME (+20,23%) et Nordea 1 (+20,00%). Peuvent-ils faire mieux ? Pas sûr. Pour EDRAM, « désormais, les marchés actions affichent des valorisations qui, sans être inconfortables, frôlent la limite de la zone de normalité ». Quant à ceux qui ont le moins performé, la fin d'année s'annonce compliquée pour effacer les pertes : Gestys Santé Biotech (-49,03%), Oddo European Banks (-39,14%), Étoile banque Europe (-37,47%) ou encore BNP Paribas Finance Europe (-35,66%).

Parmi les facteurs de turbulences à venir, il y a aussi les craintes de surproduction pour le pétrole. « Il semblerait que le rééquilibrage du marché pétrolier prévu au deuxième semestre de cette année doive finalement intervenir l’année prochaine », regrette SYZ AM. Ce qui ne va pas réduire la volatilité des marchés, bien au contraire.

L'immobilier prend l'avantage

Au final, c'est sans doute du côté de l'immobilier que les opportunités de placements peuvent se trouver plus accessibles. Mis à part le marché britannique, où des fonds ont été fermés temporairement pour échapper à un mouvement de reprise de parts massif suite à la décision des Britanniques de sortir de l'Union européenne, les actifs immobiliers restent attractifs. « Comparés aux obligations, les rendements immobiliers sont supérieurs aux niveaux historiques et devraient continuer à faire preuve de stabilité », rappelle Stefan Kreuzkamp.

En France, les SCPI, même si les rendements baissent, offrent encore facilement du 4,5% à 5%. Et les actions des sociétés cotées devraient continuer à apporter de beaux gains : Eiffage (+39,93%), Vinci (+27,28%), Nexity (+23,99%), Klépierre (+11,48%)... Surtout que le secteur connaît un mouvement de concentration où la bataille est âpre, à l'image de celle que se livrent Eurosic et Gecina pour prendre le contrôle de la Foncière de Paris. Un épisode qui n'est pas sans rappeler la bataille livrée par BNP et Société Générale pour prendre le contrôle de Paribas en 1999.

(1) La Banque centrale verse de l'argent à tous les citoyens pour qu'ils aillent le dépenser.