Après une longue traversée du désert, l'or a retrouvé de l'attrait depuis l'été 2007 jusqu'à 2011. Depuis janvier, l'once repart à la hausse. Valeur refuge de référence en période de crise, cette matière première reste un placement particulier et risqué.

Fin juillet, l'once d'or (1) s'échangeait à 1.351 dollars (environ 1.209 euros), soit une progression de +11% depuis le vote des Britanniques pour une sortie de l'Union européenne. Et si on remonte au début de l'année, la hausse atteint déjà +27%. Ce n'est pourtant pas son niveau le plus élevé. En effet, en septembre 2011, l'once avait atteint 1.921 dollars, niveau record absolu. Depuis et jusqu'à la fin 2015, le cours de l'once s'est replié tranquillement mais sûrement.

Fin 2015, le fonds AAZ Prestige Or résumait ainsi les enjeux pour 2016 dans son rapport de gestion : « Gageons que 2016 sera l’année du rebond, rendu possible par une meilleure gestion des mines, une baisse des coûts d’extraction corrélés aux cours du pétrole, et une moindre appétence au dollar avec, en toile de fonds, un ralentissement de l’économie américaine ». Les résultats économiques des mines d'or ont effectivement été meilleurs. « Les actions aurifères ne sont pas loin d’atteindre 100% de progression depuis le début de l’année », constatait Alexis Bienvenu dans le rapport mensuel de gestion du fonds Stamina Or de juin dernier. Mais c'est surtout le résultat du vote des Britanniques pour une sortie de l'Union Européenne qui a permis à l'or de rebondir fortement. « Les actifs considérés comme ''refuge'' se sont nettement appréciés », relève encore le gérant de Stamina AM.

Est-ce que le rebond peut encore durer ?

Plusieurs aspects sont favorables à la poursuite de la remontée de la valeur de l'or. La « fuite vers des actifs ''refuges'' n’est pas forcément terminée », estime Alexis Bienvenu. « La confusion liée au vote britannique, à l’élection américaine, à la dévaluation chinoise, aux manœuvres des banques centrales mondiales, ne semble pas prête de disparaître. Sans compter les facteurs de risques imprévisibles, liés en particulier aux montagnes de dettes à taux négatif émises par des États surendettés. »

Reste que la prudence doit être de mise. D'abord, investir sur l'or revient à acquérir des supports indirects comme des fonds, des ETF mais aussi des pièces, des lingots ou des bijoux. Chacun de ces supports peut suivre une évolution différente du cours de l'or. Le fonds peut avoir une part de diversification et les pièces profiter d'un phénomène de rareté qui amplifie et atténue l'impact d'une hausse ou d'une baisse du cours de l'or. Par exemple, pendant que l'or augmentait donc de 11% entre fin mai et fin juillet, le Souverain (2) progressait, lui, de 9%, la pièce de 20 dollars de 7,2% ou encore le lingot d'or de 9,6%. Pour les bijoux, la valeur de revente dépend de l'entreprise qui rachète l'or. Et les prix de rachat peuvent être bien inférieurs à ce qu'ils devraient en réalité.

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Ensuite, des économistes américains (3) ont établi qu'entre 1836 et 2011, l'or avait servi un taux de rendement annuel de 1,1%. Surtout, ils estiment que « l'or n'a pas offert de rendement moyen réel élevé au cours des désastres macroéconomiques ». Il faut dire que détenir de l'or ne procure pas de revenus. Pour cela, il faut le revendre. Enfin, la variation du cours de l'or repose aussi sur les choix des Banques centrales dont les réserves officielles sont composées d'or. Ces dernières années la progression de l'once s'est aussi expliquée par les achats de la Chine et de l'Inde. Bref, si l'or est une « valeur refuge », il n'en est pas moins un placement risqué particulier en accumulant deux statuts : une matière première et une devise.

(1) Poids d'une once d'or : environ 31,10 grammes. 1 lingot d'or (1 kg) équivaut à 32,15745 onces d'or pur (24 carats).

(2) Pièce d'or créée en 1489 à la demande du Roi Henry VII (Royaume-Uni).

(3) Article de Robert J. Barro (Harvard) et de Sanjay Misra dans The Economic Journal, Vol. 126, Issue 594, pp. 1293-1317, 2016.