L'argent suscite, comme d'autres sujets, des idées préconçues. Epargne, crédit, banque, quels sont ces clichés qui ont la vie dure ?

L'an passé, cBanque avait consacré une série d'été aux « clichés sur l'argent ». Un an après, ces idées reçues sont toujours d'actualité. Retour sur huit préjugés. Sont-ils totalement faux ou seulement approximatifs ?

Le Livret A ne rapporte plus rien !

Faux. S'il est vrai que la rémunération de ce produit d'épargne a baissé à maintes reprises ces dernières années, elle reste intéressante à 0,75% jusqu'au 1er août 2017 (1). A l’heure où les taux bas concernent quasiment tous les produits, avec un taux moyen de rémunération des dépôts bancaires (à moins de deux ans) de 0,42%, et avec un Euribor à trois mois à -0,26% (2), le Livret A offre donc une honorable rémunération, sans impôt.

Lire : Le Livret A est-il vraiment une si mauvaise affaire que cela ?

L'assurance-vie, placement préféré des Français !

Faux. Taux bas ou pas, le Livret A reste le premier support d'épargne des Français. Eh oui, ce n'est pas l'assurance-vie ! Selon l'ACPR, à la fin 2015, 61,1 millions de personnes détenaient un Livret A contre 54 millions de contrats d'assurance-vie, pour des encours respectifs de 256 milliards d'euros et 1.983 milliards d'euros. C'est ce poids économique qui amène la presse financière, notamment, à annoncer la suprématie de l'épargne vie. Elle n'est donc pas si populaire. Pour rappel, il n'est possible de détenir qu'un seul Livret A et dans la limite de 22.950 euros. Ce qui n'est pas le cas d'une assurance-vie : un assuré peut ouvrir autant de contrats qu'il le souhaite et pour un montant qui peut parfois dépasser le million d'euros. Résultat : seuls 37% des ménages français possèdent au moins une assurance-vie (3) !

Lire : Le cliché du « placement préféré des Français »

L'assurance-vie est bloquée 8 ans !

Faux. Un épargnant peut utiliser librement le capital placé au moyen de rachats partiels, c'est-à-dire des retraits à partir de 100 ou 1.000 euros selon les contrats. D'où viennent ces 8 ans ? Réponse : de la fiscalité. Jusqu’à 8 ans de détention, suite à des rachats partiels ou total, l’épargnant peut soit intégrer la plus-value au barème de l’impôt sur le revenu, soit opter pour une imposition forfaitaire, de 35% avant 4 ans de détention, de 15% entre 4 à 8 ans. Au-delà de 8 ans, la facture fiscale s'allège, notamment grâce à un abattement.

Lire : L'idée reçue de l'argent « bloqué » sur l'assurance-vie

Immobilier : c'est le moment d'acheter !

Ni vrai, ni faux. L'immobilier : une préoccupation permanente, pour ne pas dire le projet d'une vie. D'où cette question récurrente : « Est-ce le bon moment ? » La réponse reste la même quelle que soit la période, si on se fie aux nombreuses prises de paroles dans les médias : « maintenant ! » Et pour cause, il y a toujours une bonne raison de passer à l'acte avant que la situation soit moins favorable : baisse ou hausse des prix, niveau des taux de prêts immobiliers, conditions d'octroi demandées par les banques… La réalité est toutefois plus nuancée et tient surtout aux situations personnelles des acheteurs. Car peu importe le contexte potentiellement favorable, l'achat immobilier reste une opération coûteuse. A fin juin 2016 et malgré un contexte de taux d'intérêt bas, un emprunt représentait 3,91 années de revenus contre 3,86 années il y a un an, à la même époque, selon l'observatoire Crédit Logement/CSA.

Lire : Pourquoi c'est toujours « le moment d'acheter »

Les banques ne prêtent qu'aux riches !

Faux (mais pas totalement). Si on s'en tient aux seuls crédits immobiliers, selon Younited Credit (ex-Prêt d'Union), le foyer qui obtient un financement enregistre un revenu net mensuel supérieur à 5.000 euros. Début 2015, ce montant était à 4.713 euros du côté d'Empruntis. Montant contesté par Immoprêt qui estime, lui, que le revenu moyen de ses acquéreurs est de 2.393 euros au 1er juillet 2016. Cette bataille de chiffres montre surtout qu'au-delà des revenus perçus, ce que les banques regardent avant tout, c'est « l'endettement, au maximum 33% des revenus, et le reste à vivre », rappelait Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi, l'été dernier. La règle n'a pas changé. Et, parfois, les clients fortunés ne sont pas les plus rentables pour les banques.

Lire : Pourquoi les banques ne prêtent pas qu'aux plus fortunés

Changer de banque, c'est facile !

De moins en moins faux. « Changer de banque c'est facile », voilà comment la Fédération bancaire française annonce la sortie d'un mini-guide dédié au changement de banque, début 2016. Laquelle annonce pour le courant de 2017 « un nouveau dispositif de mobilité automatisé ». Il faut admettre, malgré un strict encadrement de la procédure et des services d'accompagnement, que basculer chez un nouvel établissement bancaire implique de modifier les domiciliations bancaires comme la facture d'électricité ou de téléphonie mobile, de s'assurer que tous les chèques émis ont été encaissés, voire de transférer des comptes d'épargne. Ce qui en soit n'est pas insurmontable, mais demande un peu de temps et de la rigueur pour éviter un incident de paiement.

Lire : Pourquoi changer de banque, ce n'est pas si facile

Retirer de l'argent à l'étranger, ça coûte cher !

Ni vrai, ni faux. Là aussi, cette idée reçue est approximative. En effet, depuis la mise en place de la monnaie unique européenne, l'euro, le retrait d'argent dans un distributeur est sans frais quel que soit le pays de la zone euro. Là où les frais apparaissent, ce sont pour les retraits dans un pays européen qui n'a pas adopté l'euro, le Royaume-Uni ou la Suède par exemple. Mécaniquement, il y a des frais de change auxquels parfois il peut être appliqué une commissions forfaitaire ou proportionnelle au montant retiré, soit par l'établissement local, soit par votre banque, voire les deux.

Lire : Quel coût pour les retraits à l'étranger ?

Payer en ligne, c'est risqué !

Pas totalement vrai. Sur le premier trimestre 2016, les ventes en ligne ont progressé de 16% pour atteindre un montant global de 17,9 milliards d'euros. Avec un panier moyen de 76 euros par transaction, les Français démontrent qu'ils n'ont plus peur de payer en ligne. Non pas que la fraude n'existe pas mais elle reste très marginale : 1 euro pour 440 euros de paiements, en 2015, selon l'observatoire de la sécurité des cartes de paiement. Ce dernier note d'ailleurs dans son rapport (4) : « La poursuite de la baisse du taux de fraude sur les paiements par carte sur internet est le résultat des efforts réalisés par les émetteurs et les e-commerçants pour diffuser l'utilisation de dispositifs d’authentification forte ». A la fin 2015, 66% des commerçants disposaient d'un équipement d'authentification forte, contre 58% un an plus tôt. Alors oui, payer en ligne peut être risqué, mais de moins en moins. D'autant que la réglementation s'avère très protectrice envers les usagers sur ce point.

Lire : Le préjugé du paiement risqué sur internet

(1) La Banque de France a annoncé le maintien de ce taux le 19 juillet dernier (2) Données de la Banque de France publiées le 5 juillet 2016 (3) Enquête « Patrimoine des ménages début 2015 » de l’Insee, publiée fin 2015 (4) Rapport publié le 5 juillet 2016