Mois après mois, les taux immobiliers baissent encore et toujours, et atteignent des niveaux inédits. C'est encore le cas en ce début juillet selon les courtiers en crédit ! Point de tendance sur les taux immo.

Un symbole. Le taux fixe moyen des crédits à l’habitat est tombé sous les 2%, à 1,98% toutes durées confondues, selon la Banque de France, lors du mois de mai 2016. Evidemment une première, les archives de l’institution sur ce point ne remontant que jusqu’en 2003. Contrairement à la Banque de France, qui base ses statistiques sur les crédits octroyés, les courtiers en prêts immobiliers appuient leurs estimations sur les barèmes de taux actuellement pratiqués par les banques.

Et en ce début juillet, ces barèmes atteignent à nouveau un niveau record alors que dès le mois dernier on pouvait bel et bien penser qu'ils avaient rejoint un niveau plancher, qu'ils n'iraient pas plus bas. Chez Empruntis, les « taux de marché » baissent quasiment tous de 0,10 point : ils se situent à 1,55% sur 15 ans, 1,75% sur 20 ans et 2,05% sur 25 ans selon le relevé du 5 juillet du courtier. Du côté du concurrent Meilleurtaux, les moyennes baissent dans des proportions similaires et se situent, au 1er juillet, à 1,48% sur 15 ans et 1,70% sur 20 ans. Des estimations en phase aussi avec les moyennes communiquées lundi par l’observatoire Crédit Logement-CSA : 1,44% sur 15 ans et 1,67% sur 20 ans en moyenne sur le mois de mai.

Lire à ce propos : Une nouvelle baisse de taux qui surprend l'observatoire Crédit Logement-CSA

Les estimations relativement proches des différents observateurs témoignent aussi de l’homogénéité actuelle du marché sur les taux immobiliers. Empruntis souligne ainsi dans sa lettre mensuelle que « près de la moitié » des banques sondées n’ont pas baissé leurs taux : l’érosion de la moyenne est plutôt due aux mouvements constatés dans les enseignes aux « propositions insuffisamment attractives », et qui abaissent leurs barèmes pour revenir dans la compétition. Autrement dit : il est possible d’obtenir un financement attractif dans de nombreuses banques, pas uniquement dans une ou deux enseignes.

Nouveau flux de renégociations

Conséquence logique de ces niveaux records : le flux de renégociations de crédit repart en flèche. Les demandes de rachat ou de renégociation représentent 35% des dossiers chez le courtier VousFinancer, « contre moins de 18% en janvier 2016 » : « Même quelques crédits souscrits en 2016 peuvent aujourd’hui être rachetés », affirme ainsi Sandrine Allonier, directrice des relations banques de VousFinancer dans un communiqué. « C’est une situation inédite à laquelle on ne s’attendait pas… »

Même constat chez Empruntis dans son bilan trimestriel : la part de renégociations est « passée de 14% en janvier à 32% en juin » dans cette enseigne. Les statistiques de la Banque de France confirment les dires des courtiers : la proportion de renégociations dans la production de prêts immobiliers est remontée de 29% en mars à plus de 35% en mai selon l’institution.

Un impact du Brexit ?

Plusieurs observateurs s’accordent sur l’effet de surprise que constitue cette nouvelle baisse des taux. Ces dernières semaines, les pronostics allaient plutôt vers une stabilité. Mais un événement a semble-t-il changé la donne selon les courtiers : le vote favorable au Brexit au Royaume-Uni. « La situation sur le marché interbancaire s’est encore améliorée car les taux directeurs et notamment les OAT ont subi une très forte baisse depuis le Brexit », lit-on dans le communiqué de Meilleurtaux. « Ainsi l’OAT 10 ans qui se négociait à 0,50% en mai 2016 a chuté au 1er juillet à 0,17% », et même à 0,13% en ce mercredi 6 juillet.

Or, si le niveau des obligations assimilables au Trésor (OAT) n’a pas une incidence directe sur les taux immobiliers, les taux des OAT 10 ans sont couramment présentés comme un indicateur des évolutions des conditions de financement accordées par les banques. « Sous l’impact du Brexit, nous pourrions même assister à de nouvelles baisses de taux en septembre, car la baisse des taux d'emprunt d'Etat va donner de la latitude aux banques », commente ainsi Jérôme Robin, président et fondateur de VousFinancer. Même sentiment du côté d’AceCrédit : « [Les taux fixes] peuvent encore descendre au cours des prochaines semaines, pour se rapprocher toujours plus d'un crédit à 0% », lance Joël Boumendil, le PDG du groupe.

Les analyses se font toutefois assez prudentes de la part des courtiers sur les évolutions à moyen terme, certains jugeant plutôt que les banques vont finir par « lever le pied » à la rentrée, comme Cécile Roquelaure, directrice de la communication d’Empruntis. Reste un constat : la tendance est à la baisse, même durant l’été. Le léger rebond de l’an passé à pareille époque ne semble plus d'actualité.