Dans son bilan 2015 de la circulation des espèces, la Banque de France constate une usage croissant des billets de 50 euros dans l’Hexagone. La tentation des Français de thésauriser en liquide, dans le contexte de crise, est un élément d’explication.

Il y a traditionnellement une exception française dans l’usage des billets en euros : alors que presque partout en Europe, la coupure la plus courante est celle de 50 euros, elle est nettement plus rare dans l’Hexagone, où les habitudes des consommateurs les portent plutôt vers les billets de 10 et 20 euros. Ce particularisme, s’il demeure vrai en 2015, est en repli. L’an dernier, constate le rapport de la Banque de France (1), les émissions nettes (2) de coupure de 50 euros ont progressé de 16,8%, soit plus rapidement que celles de 10 euros (+6%) et de 20 euros (+5,3%).

Comment expliquer ce regain d’intérêt pour le billet de 50 euros ? La Banque de France la met en relation avec la situation vécue par la Grèce en 2015, lorsque la crainte d’une sortie du pays de la zone euro a incité les épargnants grecs à retirer massivement leurs avoirs des banques. Cette crise, par contagion, aurait ainsi encouragé certains Français à retirer en cash des sommes plus importantes que d’habitude, augmentant mécaniquement la circulation des billets de 50 euros.

Un billet de 24,20 euros en moyenne

L’ampleur du phénomène doit toutefois être relativisée. La France reste parmi les pays où la réticence à l’égard des grosses coupures est la plus forte. « La valeur moyenne du billet prélevé en France s’élève à 24,20 euros, une des valeurs les plus faibles de l’Eurosystème » (3), confirme la banque centrale nationale. Et les coupures dites de thésaurisation, celles de 100, 200 et 500 euros, n’ont représenté que 1,7% des billets prélevés à la Banque de France en 2015, contre 4,3% dans l’ensemble de l’Eurosystème.

Des flux de billets en baisse

La Banque de France est chargée de l’émission et de l’entretien des billets en euros dans l’Hexagone. Et pour la quatrième année de suite, les flux de billets entrant et sortant de ses guichets ont diminué en 2015. Plusieurs explications à cela : l’absence d’inflation et la faible croissance de la consommation des ménages ; la concurrence de la carte bancaire, notamment sans contact ; le développement, enfin, de la remise en circulation directe des coupures par les banques et les transporteurs, qui a augmenté de 15,9% par rapport à 2014.

(1) « La monnaie fiduciaire en France en 2015 », rédigé par Elodie Ninlias et Ghjuvanni Torre, publié dans l’édition mai-juin 2016 du Bulletin de la Banque de France.

(2) Les émissions nettes correspondent à la somme cumulée des différences entre les billets prélevés et les billets versés aux guichets de la Banque de France depuis l’adoption de l’euro.

(3) Ensemble formé par la Banque centrale européenne et les banques centrales nationales des Etats membres de l’UE ayant adopté l’euro.