Mardoché (alias Marco) Mouly, l'un des principaux prévenus au procès d'une escroquerie à 283 millions d'euros à la « taxe carbone », a affirmé lundi devant le tribunal correctionnel de Paris que « même l'Etat était au courant ».

Considéré par l'accusation comme l'un des organisateurs dans cette affaire d'arnaque à la TVA sur le marché des quotas d'émission de CO2, il assure qu'il voulait y participer, mais « on m'a jeté de partout ».

Marco Mouly

Gouailleur, Marco Mouly, 50 ans, qui se décrit comme « le plus grand mytho que la terre a créé », qui veut désormais se « faire tout petit », « arrêter », assure qu'il n'a fait qu'ouvrir des comptes bancaires, notamment à Chypre. Avant l'audience, « je prends trois Lexomil pour vous affronter », lance-t-il au président Peimane Ghaleh-Marzban, dont le prévenu, qui n'hésite pas à flatter, loue la « finesse ».

Pour Marco Mouly, dans cette escroquerie - qui aurait coûté au total 1,6 milliard d'euros de pertes au fisc français, selon la Cour des comptes - « bien sûr que tout le monde voulait en être », mais « chaque équipe » qui y prenait part « bloquait les portes ». Il évoque aussi les « vols » de quotas de CO2 par des pirates informatiques, affirme qu'il croyait au début que « c'était de l'oxygène pour les pompiers ». En fait, le « carbone, c'était la poule aux oeufs d'or, j'ai raté mon coup, je voulais le faire ».

Samy Souied

Qui est le concepteur de cette escroquerie ? Quid des différentes équipes ? Marco Mouly se fait moins bavard. « Ils » ont écrasé sa fille, en scooter. « Vous êtes au courant qu'on a failli me tuer deux fois ? », lance-t-il au président, « on a voulu que je porte un chapeau que je ne veux pas porter ». Mercredi, il doit être entendu plus précisément sur les faits qui lui sont reprochés.

L'un des protagonistes de ce dossier, Samy Souied, a été assassiné à Paris en 2010. Le tribunal a aussi entendu lundi une « gérante de paille » de société dans ce dossier, qui notamment, à la demande de son oncle, Patrick Bellaiche, s'est rendue à Hong Kong en 2008 pour ouvrir un compte. Le voyage coïncidait avec son anniversaire, elle avait alors 23 ans.

A rebours de ses déclarations pendant l'enquête, elle assure qu'elle ignorait « que c'était pour une escroquerie » et dit avoir fait confiance « aveuglément » à cet oncle qui l'a « toujours protégée ». En larmes, elle explique qu'elle n'imaginait pas que cette affaire pourrait lui faire risquer le tribunal, la prison, avant de reconnaître qu'elle était « consciente que c'était illégal ».

Le procès se tient jusqu'à la fin du mois.