Les prud'hommes de Paris ont renvoyé mardi à un juge professionnel le soin de trancher le litige opposant Natixis AM à un ancien cadre, « lanceur d'alerte » d'après son avocat, mais manipulateur selon l'entreprise, a-t-on appris auprès des deux parties.

Lanceur d'alerte « exemplaire » remercié après avoir dénoncé des commissions occultes présumées, ou habile manipulateur agissant par « intérêt personnel » ? L'affaire avait été plaidée le 5 avril en plein pleine tourmente « Panama Papers ». Les conseillers prud'homaux (employeurs et salariés) devaient rendre leur décision mardi mais n'ayant pas réussi à se mettre d'accord, l'affaire a été renvoyée en « départage », a indiqué à l'AFP Me Jean-Marc Albiol, avocat de Natixis Asset Management. Il reviendra donc à un magistrat professionnel, juge du tribunal d'instance, de trancher.

« Dans les grandes affaires de principe - et celle-là en était une inédite -, il arrive qu'il y ait départage », a réagi l'avocat du cadre licencié, Me William Bourdon, se montrant « extrêmement confiant sur l'issue finale ».

« Démêler le vrai du faux »

Dans sa plaidoirie, Me Bourdon avait dépeint un cas de lanceur d'alerte « exemplaire », « caricatural, de collaborateur qui se retrouve châtié pour avoir fait son travail » avec « courage et naïveté ». A l'inverse, Me Albiol avait demandé au tribunal de « démêler le vrai du faux » et « différencier les lanceurs d'alerte de bonne foi, d'autres personnes qui agissent pour leur intérêt personnel ».

Responsable de la conformité, du contrôle interne et des risques, Abdel B. avait été licencié en novembre 2014, un mois après fait part de ses doutes sur la conformité des commissions en question. Elles font actuellement l'objet d'une enquête de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Mais pour Natixis AM, société de gestion du groupe BPCE, Abdel B. a exercé une sorte de chantage pour obtenir un poste qu'on lui refusait, l'entrée au comité exécutif.