« Sortez des fonds monétaires », voici, en forçant le trait, le message qu’envoie Amundi aux épargnants détenteurs de PEE et autres Perco. Xavier Collot, directeur du développement commercial d’épargne salariale et retraite de la société de gestion, estime que les salariés ont encore du mal à placer leur épargne sur des fonds plus risqués.

Selon la Banque de France, les fonds d’épargne salariale affichent du -4,2% sur un an à la fin février. Comment les détenteurs de plans d’épargne salariale peuvent-ils réagir ?

Xavier Collot : « En effet, les marchés financiers ont été très fortement perturbés fin 2015 et début 2016. Mais il faut comprendre que le monde a changé : nous sommes aujourd’hui dans un monde sans taux et avec du risque ! Face à ces performances, une stratégie de repli pourrait pousser les épargnants à opter pour les fonds monétaires dans leurs Plans d’épargne entreprise (PEE) ou Plans d’épargne pour la retraite collectifs (Perco). Mais, à ce jour, le monétaire ne préserve plus le capital ! Il ne fait pas mieux que zéro ! (1) Nous avons tous en tête une période, désormais révolue, où le Livret A était à près de 4%, tout comme les fonds monétaires, alors vus comme des fonds à la fois rentables et peu risqués. A cette époque là, les fonds monétaires permettaient de préserver le capital tout en captant du rendement : ce n’est plus vrai. »

Sur quels fonds conseillez-vous donc aux épargnants de placer leur participation ou leur intéressement ?

X.C. : « Dans les plans d’épargne salariale, il y a des fonds diversifiés du type ‘‘équilibre’’ qui permettent de ne pas tout miser sur des actions. Dans l’idéal, il faut diversifier son allocation entre différents supports d’investissements. Cependant, quand l’entreprise s’efforce de communiquer et de mettre en place des outils d’aide au choix d’épargne, les salariés répartissent relativement bien leurs avoirs au moment de la perception de leur intéressement ou leur participation. Ils sont moins acteurs concernant leur stock d’épargne en matière d’arbitrage entre supports. »

Vous souhaitez inciter les épargnants salariés à sortir leurs avoirs des fonds monétaires ?

X.C. : « Oui nous souhaitons les sensibiliser sur l’évolution de l’environnement économique et la forte baisse des rendements des fonds monétaires. Nous réfléchissons à développer un outil d’aide au choix d’épargne avec l’idée d’aider les salariés à diversifier davantage leur épargne salariale en fonction de la durée d’épargne et de leur aversion au risque. »

En clair, vous comptez proposer l’équivalent d’une gestion pilotée ou conseillée pour une assurance-vie ?

X.C. : « Notre outil de diversification proposera en effet une forme de gestion conseillée, au regard du profil de l’épargnant. Ce dernier définira préalablement son profil, ses envies et son horizon de placement. Sur cette base, le moteur d’allocation lui proposera une allocation optimisée. Bien souvent, le salarié va sur les fonds monétaires par défaut et par manque de connaissance financière. Voilà pourquoi nous voulons l’assister dans ses choix de placements, cette démarche sera facultative et à la main du salarié [à ce stade du développement de cet outil, Amundi n’a pas pu indiquer les frais éventuels à la charge de l’épargnant, NDLR]. »

Quand lancerez-vous ce nouvel outil ?

X.C. : « Nous prévoyons de le finaliser d’ici la fin de l’année 2016 une fois que nous aurons finalisé les démarches préalables et indispensables auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Nous réfléchissons aussi à proposer de nouvelles alternatives au épargnants qui investissent sur du relativement court terme, à 6 ou 12 mois : il faut qu’ils aient des alternatives aux fonds monétaires dans ce cas de figure, potentiellement plus rémunératrices mais peu risquées. »

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Depuis 2011, il y a de moins en moins de porteurs d’épargne salariale. Les mesures portées par la loi Macron permettront-elles de relancer la croissance du secteur ?

X.C. : « Amundi a beaucoup œuvré pour la loi Macron sur la thématique de l’épargne salariale. Ce n’est pas une révolution, nous aurions aimé que les mesures aillent plus loin mais il ne faut pas bouder notre plaisir pour autant. Le fait de promouvoir l’épargne longue, à travers le Perco, le fait de permettre l’investissement en fonds immobiliers - les OPCI – ou dans des actifs réels non cotés, dans certaines proportions… tout cela va dans le bon sens ! Et la baisse du forfait social peut inciter les entreprises à proposer plus largement de l’épargne salariale. Nous pensons voir des premiers effets positifs en 2016, et percevoir des évolutions plus marquées en 2017. »

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(1) Selon l’étude « performance des OPC » de la Banque de France, les fonds monétaires (toutes catégories confondues, pas uniquement dans l'épargne salariale) rapportent en moyenne 0,10% à la fin février 2016. Une performance « nette de frais de gestion » mais « avant déduction des éventuels frais d’entrée et de sortie ». Lire à ce propos l’article Fonds actions : une contre-performance de -10% en février 2016.