Le rebond de la croissance de l'économie française ne repose pas sur des facteurs durables, a averti lundi Benoît Cœuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE).

« Oui, ça va mieux », a reconnu le banquier central sur France Inter, reprenant ainsi à son compte des propos récents du président François Hollande, alors que le produit intérieur brut (PIB) de la France a enregistré au premier trimestre une croissance supérieure aux attentes, à 0,5%. Mais « ça ne va pas assez bien », a-t-il aussitôt tempéré, estimant que cette croissance n'était « pas suffisante pour régler les problèmes de la France » et surtout qu'elle « ne durera(it) pas très longtemps » si la France n'entreprenait pas les réformes nécessaires.

En effet, le rebond de la croissance française est soutenu par la politique monétaire accommodante de la BCE et la baisse des prix du pétrole; or « aucun de ces deux moteurs n'est durable », a-t-il argumenté.

Cœuré mesuré sur les réformes en cours

Interrogé sur les nouvelles baisses d'impôts qu'envisagerait le président de la République, selon Les Echos, il a jugé que ce pouvait être « une bonne idée de baisser les impôts qui soutiennent la croissance et l'emploi », mais « à condition de gager ça par une baisse de la dépense », afin de ne pas augmenter le déficit public. Benoît Cœuré a par ailleurs estimé que le projet de loi travail, qui sera discuté à partir de mardi à l'Assemblée nationale, « va dans la bonne direction » et « va créer des emplois », mais qu'il « arrive un peu tard » et n'est pas suffisant.

Concernant la politique menée par la BCE, il a affirmé qu'elle « march(ait) pour la croissance » mais que « ça prendr(ait) du temps » pour que l'inflation se rapproche des 2% visés par l'autorité monétaire.

L'inflation « va rester autour de zéro »

En 2016, l'évolution des prix « va rester autour de zéro voire négative », et il faudra attendre 2018 pour qu'elle s'établisse autour de 1,6%, a-t-il ajouté. Enfin, au sujet des négociations en cours entre Athènes et ses créanciers, il a déclaré « pens(er) que la Grèce va rester dans l'euro et que cet allègement de dette aura lieu, parce que la Grèce en a besoin ».