Dans le cadre de son plan stratégique Ambition 2020, le Crédit Agricole a détaillé ce matin ses projets pour sa filiale LCL. Largement axés sur la transformation digitale de l’enseigne, ils passeront par un redimensionnement du réseau d’agences, dont le nombre devrait passer de 1.880 actuellement à 1.600.

80.000 : c’est le nombre de nouveaux clients conquis en 2014-2015 par le Crédit Lyonnais (LCL). Un résultat visiblement insuffisant aux yeux de sa maison-mère, le Crédit Agricole. « LCL n’a pas délivré les performances espérées », a ainsi confié Philippe Brassac, le directeur général de Crédit Agricole SA (Casa), ce matin, à l’occasion de la présentation du plan stratégique Ambition 2020 de la banque verte.

Pour remédier à cette situation et surtout réaliser des économies sur les coûts récurrents - un leitmotiv de ce nouveau plan stratégique -, cette dernière compte appliquer à LCL un traitement déjà choisi par la Société Générale et BNP Paribas, deux de ses principaux concurrents : mettre l’accent sur le numérique, au prix d’un redimensionnement du réseau d’agences.

Un réseau amputé de 240 points de vente

LCL, à l’heure actuelle, compte 1.880 agences en France, dont 68% en zone urbaine. L’enseigne réalise même 65% de son chiffre d’affaires sur le seul axe Paris-Lyon-Marseille. En 2014-2015, un premier tri a été opéré entre agences principales (au nombre de 1.200) et agences secondaires (680). A terme, les secondes ne devraient plus être que 400. Dans le même temps, 40 agences vitrines, bien placées dans les centres des grandes villes, vont être transformées en « Open Bank ». Comprendre des agences 100% connectées et disponibles en libre accès. Au terme de l'opération, à l'horizon 2020, le réseau LCL devrait ainsi être amputé de 240 points de vente.

Ces évolutions, logiquement, vont entraîner un plan d’accompagnement et de départs de salariés, sans plus de détails dans l’immédiat. Depuis 2011, date de lancement d’un précédent programme de transformation de LCL, les effectifs ont déjà baissé de 5,5%, et les dépenses courantes de 9,3%.

L’accent sur le numérique et le premium

Pour compenser ces fermetures sans susciter l’insatisfaction de ses 6 millions de clients particuliers, LCL compte mettre l’accent sur la « banque digitale augmentée de l’expertise du conseiller ». 150 millions d’euros ont déjà été investis en 2014-2015 pour accélérer cette transformation numérique de l’enseigne et faire monter les conseillers en compétence. 450 millions d’euros supplémentaires le seront d’ici la fin de la décennie.

La feuille de route a, au final, un air de déjà vu. Les clients seront encouragées à réaliser les opérations du quotidien (virements, consultation de comptes, etc.) sur mobile. Déjà possible sur 28 produits, la souscription 100% à distance, via le web et le mobile, sera encore améliorée, avec notamment une offre de prêts immobiliers en ligne avec accord de principe immédiat, comme le proposent déjà certaines banques en ligne. Les conseillers, eux, seront attendus sur des produits et services nécessitant plus d’expertise. Mais pas nécessairement en agence. LCL compte en effet développer l’utilisation du tchat et de la visioconférence, à des horaires élargis : 6 jours sur 7 et de 8h à 22h.

Du « sur-mesure grâce à l’utilisation du big data »

Autre axe de développement pour LCL : le premium. L’enseigne dispose déjà d’un clientèle plutôt haut de gamme : 30% des dentistes sont clients, rappelle ainsi le Crédit Agricole dans son plan stratégique, et 50% des nouveaux clients ont un niveau d’études bac+5. Pour accompagner cette clientèle, LCL compte lui proposer « une approche coordonnée de tous leurs enjeux, tant professionnels que personnels, en élargissant la palette des services proposés au-delà des besoins financiers ». LCL annonce ainsi du « sur-mesure grâce à l’utilisation du big data », du crowdfunding et de l’agrégation de comptes et de patrimoine. Cela sera-t-il suffisant pour convaincre son segment privilégié de clientèle, urbain et aisé, de préférer LCL aux banques en ligne ? Réponse dans 4 ans.