Comment améliorer, à l’heure du numérique, l’engagement des clients vis-à-vis de leur banque ? Moneythor est une fintech française qui propose, sur web et mobile, des recommandations contextuelles personnalisées, à partir de l’analyse des données transactionnelles. Entretien avec Stéphane Nouy, un des co-fondateurs de la jeune pousse.

Stéphane Nouy, en quoi consiste la solution développée par Moneythor ?

Stéphane Nouy : « Moneythor est un éditeur de logiciels créé en 2013 par trois Français, à cheval sur Paris et Singapour. Notre solution s’adresse aux banques de détail, en BtoB. Elle leur permet, à partir de l’analyse de données, de générer des recommandations personnalisées et contextualisées, de manière à augmenter l’engagement de leurs clients. »

Des exemples ?

S.N. : « Ils sont nombreux. Le spectre est large, de l’alerte classique à la stratégie de ventes croisées. Grâce à Moneythor, une banque peut par exemple prévenir son client, à l’occasion d’un renouvellement de carte bancaire, de penser à modifier son numéro de carte sur les sites de e-commerce qu’il utilise. Lorsqu’il loue une voiture ou un forfait de ski, une notification peut lui rappeler le contenu des assurances rattachées à sa carte bancaire. Lorsqu’il achète un objet électronique, la banque peut lui proposer de souscrire une extension de garantie. »

En quoi vous distinguez-vous des solutions habituelles de gestion de budget ?

S.N. : « Nous couvrons toutes les fonctionnalités habituelles du PFM [pour « Personal Finance Management », acronyme couramment utilisé pour désigner les outils d’aide à la gestion de budget, NDLR]. Mais de notre point de vue, les camemberts de suivi de dépenses ou les alertes sur solde ne suffisent pas. C’est pourquoi ces solutions ont déçu, y compris au sein des banques, et suscitent peu d’engagement de la part des clients. Le PFM permet toutefois de collecter des données très riches sur l’activité d’un client, notre objectif est de les transformer en recommandations utiles et pertinentes. Un exemple : plutôt que de simplement prévenir un client d’un découvert, pourquoi ne pas lui proposer d’effectuer un virement depuis un autre compte créditeur ou de souscrire un crédit de trésorerie. »

Comment une banque peut-elle intégrer votre solution dans son offre ?

S.N. : « Nous nous contentons d’ajouter une brique dans l’écosystème existant, ce qui lui évite de tout reconstruire. Cela présente d’autres avantages. Notre solution peut être déployée très rapidement, sans nécessiter de lourds développements. Ensuite, c’est la banque qui a la main, et qui ajuste à sa guise le niveau de recommandations. Enfin, elle garde aussi la main sur les données des clients, ce qui est rassurant et lui permet de rester l’acteur de confiance. »

Moneythor opère à la fois en Europe et en Asie, en particulier à Singapour. Sont-ce des marchés très différents ?

S.N. : « Oui. A Singapour, où notre solution est déjà déployée, la clientèle bancaire est hyper-connectée et très demandeuse d’offres liées à la carte bancaire, de cashback notamment. Les Français sont plus réticents à l’idée qu’on utilise leurs données bancaires pour les cibler. Mais si les propositions ont une réelle valeur ajoutée, nous sommes persuadés qu’ils y viendront. »