En 2010, la loi Lagarde sur le crédit à la consommation se donnait pour objectif de recentrer l’usage des crédits renouvelables. Six ans plus tard, l’Association française des sociétés financières (ASF) chiffre l’impact de la réglementation sur le produit : un nombre de comptes en baisse de près d’un tiers.

Actuellement, ce sont 25 millions de comptes de crédit renouvelable qui sont ouverts en France. Un chiffre non négligeable, mais inférieur de 10 millions d’unités à celui du début de l’année 2011. Cette contraction s’explique à la fois par une forte baisse du rythme des ouvertures annuelles (3,3 millions d’unités sur 12 mois en juin 2015 contre 4,5 millions au cours de l’année 2010, soit un repli de 26%) et par une accélération des fermetures.

Celles-ci ont connu un pic en mars 2012, lorsque 7 millions de comptes avaient été clos au cours des 12 mois précédents. Le rythme s’est depuis ralenti (4,5 millions de juin 2014 à juin 2015). Mais, prévient l’ASF (1), « avec l’entrée en vigueur des dispositions de la loi Hamon imposant la suspension à l’issue d’une année d’inactivité, il est probable que ce ralentissement soit de courte durée : de juillet à novembre 2015, c’est près d'1,8 million de comptes qui ont été suspendus ».

Au final, le crédit renouvelable ne représentait plus, à la mi-2015, que 29% de la production de prêts à la consommation (contre 40% en 2009) et 23% des encours (contre 31% fin 2010) des sociétés de crédits. Le tout dans un contexte généralement dégradé : malgré un sursaut récent, « la production annuelle de nouveaux crédits (36,3 milliards d’euros) par les établissements spécialisés est aujourd’hui inférieure de près de 10 milliards d’euros (dont 7 pour le seul crédit renouvelable) à ce qu’elle était il y a sept ans », déplore l’ASF.

Une mutation des usages

Les lois Lagarde et Hamon n’ont pas seulement eu un impact sur le volume des crédits renouvelables, mais aussi sur leurs usages. Au printemps 2015, le montant moyen d’une utilisation à crédit était de 223 euros, ce qui confirme « le recentrage du produit (…) sur deux fonctions que sont la gestion du budget et le financement d’achats de petits montants à caractère répétitif », analyse l’ASF.

Dans le même temps, la part des crédits renouvelables dans les dossiers de surendettement a baissé significativement, ce qui était un des objectifs affichés des lois Lagarde et Hamon : de 42% en 2011, elle est passé à 33% fin 2013, puis à 23% fin 2015.

(1) Les établissements de crédit membres de l’ASF représentent environ 80% de la production de crédit renouvelable en France.