A compter du 1er février prochain, le taux des Plans épargne logement (PEL) nouvellement ouverts sera abaissé à 1,50%, contre 2% actuellement. Une bonne nouvelle pour les banques, qui doivent servir sur ce produit des intérêts très supérieurs aux taux actuels du marché. Pour autant, cette baisse va-t-elle produire les effets attendus ? Et combien le PEL coûte-il réellement aux banques ?

Coup de froid sur le Plan épargne logement. Faisant suite à la proposition faite par le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, le ministère des Finances a confirmé, hier soir dans un communiqué, qu’à compter du 1er février prochain, « le taux de rémunération des épargnants par les banques lors de la phase d’épargne sera de 1,5%, soit un niveau cohérent avec celui des autres produits d’épargne sur le marché ainsi qu’avec la durée d’immobilisation de l’épargne (4 ans en règle générale pour le PEL, contre par exemple 8 ans pour l’assurance-vie) ».

Cette annonce est certainement un soulagement pour les banques, qui avaient activement demandé cette baisse. Avec sa rémunération de 2,50% jusqu’au 31 janvier 2015, puis de 2% depuis, le PEL rencontre actuellement un grand succès auprès des épargnants, face notamment aux 0,75% du Livret A. Sa collecte nette 2015 devrait même figurer parmi les meilleures de son histoire, proche des 20 milliards d’euros. Et son encours n’a jamais été aussi haut : près de 234 milliards d’euros fin novembre 2015, selon la Banque de France.

La « ressource clientèle la plus coûteuse »

Cet afflux de dépôts, toutefois, coûte cher aux banques. « Dans le contexte actuel de taux bas, le PEL devient la ressource clientèle la plus coûteuse pour les banques », expliquait récemment à cBanque Laurent Quignon, responsable du pôle économie bancaire de BNP Paribas. Face au succès du PEL, toutes ont d’ailleurs dû faire d’importantes provisions, destinées notamment à couvrir les coûts induits par l’écart entre la rémunération réelle du PEL (2%) et ce qu’elle serait si sa formule de calcul était appliquée hors taux plancher (0,46% en novembre 2015 selon la Banque de France).

La baisse à venir du taux à 1,5% est donc de nature à relâcher en partie cette pression financière induite par le succès actuel du PEL. Mais en partie seulement. Explications.

Des taux générationnels

Le Plan épargne logement, il faut le rappeler, n’est pas un livret d’épargne classique, mais un dépôt à terme. Ce qui signifie notamment que le taux dont bénéficie l’épargnant à l’ouverture du produit est « verrouillé » pour toute la durée de vie du produit, à partir du moment où il a dépassé son 2e anniversaire (1). Conséquence : la baisse du taux annoncée hier ne s’appliquera qu’aux PEL ouverts à compter du 1er février prochain. Les précédentes générations continueront à bénéficier des rendements en vigueur au moment de leur ouverture : 2% pour ceux ouverts depuis le 1er février 2015, 2,50% pour ceux ouverts depuis le 1er août 2003 et jusqu’à 4,75% pour les plus anciens (2).

A consulter : Le fonctionnement du PEL

Alors, en réalité, combien le PEL coûte-t-il aux banques ? La Banque de France fournit une réponse à cette question, en publiant chaque mois des statistiques sur le « taux de rémunération annuel des dépôts à terme (PEL) de plus de 2 ans » : un taux moyen calculé sur l’ensemble des PEL et pondéré en fonction des encours des différentes générations. Il est ainsi bien supérieur à 2% : 2,83% en novembre 2015.

Un impact, mais sur le long terme

Le graphique ci-dessus permet de mettre en évidence l’inertie qui caractérise la baisse du taux moyen du PEL sur le long terme. Celui-ci a perdu un point de rendement entre janvier 2003 (date à laquelle débutent les statistiques de la Banque de France) et novembre 2015 (dernier chiffre connu), passant de 3,8% à 2,83%. Sur la même période, le taux facial du PEL a lui baissé de 1,27 point, de 3,27% (hors prime d’Etat) à 2% depuis le 1er février 2015.

Surtout, si la courbe a tendance à osciller de quelques points de base d’un mois à l’autre, ce qui lui donne cet aspect en dents de scie, la baisse du taux moyen à plus long terme est constante. Pas de trace d’à-coups, même à l’occasion de la baisse d’un demi-point du taux contractuel, en février 2015.

Cette régularité s’explique : l’essentiel du stock des PEL est constitué d’anciens plans que leurs titulaires maintiennent ouverts pour continuer à bénéficier d’une rémunération particulièrement attractive dans le contexte actuel, notamment de PEL servant du 2,50%. Et il n'y a aucune raison, dans l'immédiat, que cela change. Les banques vont donc devoir être patientes avant de ressentir réellement les effets de la baisse du taux du PEL sur le coût de cette ressource.

Une aubaine pour les épargnants

Si la baisse du taux du PEL est plutôt une bonne nouvelle pour les banques, elle ne se fait pas pour autant au détriment des épargnants, qui disposent encore de deux semaines pour ouvrir un PEL à 2%. Quant aux autres, qui en détiennent déjà un, ils ne sont pas impactés et continueront de bénéficier de leur taux contractuel au-delà du 1er février.

Lire à ce sujet :

(1) Dans le cas où un PEL est clos avant ce deuxième anniversaire, son taux est recalculé au niveau de celui du Compte épargne logement (CEL), 0,50% actuellement.

(2) Les PEL ouverts depuis le 1er mars 2011 ont une durée de vie limitée à 15 ans, terme au-delà duquel ils sont clos et transformés en livrets fiscalisés. Ce n’est pas le cas des générations précédentes, qui continuent à bénéficier du taux contractuel (hors prime d’Etat pour les PEL antérieurs au 1er août 2003) sans limite de temps. Les nouveaux dépôts y sont interdits, mais leurs encours continuent de croître grâce à la capitalisation annuelle des intérêts.