L'ex-informaticien français de la banque HSBC Suisse, Hervé Falciani, à l'origine d'un des plus grands scandales fiscaux helvétiques, dénonce l'opacité du système bancaire mondialisé dans une interview publiée dans l'édition de mercredi du quotidien Sud-Ouest.

Hervé Falciani avait été condamné par contumace le 28 novembre 2015 à cinq ans de prison par la justice suisse pour « espionnage économique ». Il s'agit d'« une condamnation politique », déclare-t-il au quoditien régional en rappelant que l'espionnage économique « relève des délits politiques ». « Je suis coupable car la Suisse défend le secret bancaire. Mais selon les intérêts de tout le reste de la communauté, ajoute-t-il, c'est la Suisse qui est coupable en protégeant ce genre d'activité ».

« Un système massif de fraude fiscale »

« On a fait, selon lui, la preuve de la dangerosité de ce secret tel qu'il est utilisé » et à cet égard HSBC représentera « un cas d'école ». L'ex-employé de HSBC affirme que la maison-mère de la banque « reconnaît qu'il y a eu de grosses et graves dérives en Suisse » sa filiale ayant dû acquitter 40 millions de francs suisses d'amende. « Cette affaire a montré (...) non seulement qu'une banque avait organisé un système massif de fraude fiscale mais aussi qu'il est permis de faire quelque chose contre ça ».

« Pour survivre, les Suisses ont développé à très grande échelle une activité de mercenariat. Ce sont les fameux gardes suisses. Aujourd'hui, ce même principe est à l'œuvre, mais au service des multinationales à travers la finance offshore (...) On pourrait dire la même chose du Luxembourg », déclare Hervé Falciani.

Il se dit « sceptique » sur l'idée d'une rémunération des indicateurs fiscaux que propose le projet de loi du ministre français des Finances, Michel Sapin : « Un indic transmet des informations. Mais les informations ne sont pas la vraie valeur. Elles ne sont que le symptôme de mécanismes qu'il faut décortiquer », estime-t-il. « Quelqu'un qui voit pourquoi ça ne marche pas, c'est beaucoup plus précieux ».

« Pourquoi n'y a-t-il pas de statut de lanceur d'alerte ? »

Selon lui, « ce qui importe, ce n'est pas tant les informations que de savoir pourquoi ces informations continuent à nous échapper ». « Pourquoi était-il impossible de sortir ces informations sans encourir des poursuites de la part de la justice suisse ? Pourquoi n'y a-t-il pas de statut de lanceur d'alerte ? » Aujourd'hui, l'homme à l'origine du scandale « Swissleaks » dit travailler « pour une université en Argentine » et « avec des communes en Italie et Espagne, sur la mise en place de systèmes de paiement collaboratifs en euros ».