Plutôt âgé ? Plutôt aisé ? Quel est réellement le profil type du détenteur d’assurance-vie en France ? L’étude 2015 de l’Insee sur le patrimoine des ménages livre des statistiques sur la détention de contrats d’épargne-retraite, et sur l’assurance-vie en particulier. Elle confirme que si ce produit d’épargne est bien l’un des plus répandus, il reste loin de séduire toutes les strates de la population.

Près de 52 millions de contrats d’assurance-vie individuels en France selon le régulateur banque-assurance, l’ACPR. Pour environ 15 millions de détenteurs (1), selon les derniers chiffres disponibles sur le sujet. L’assurance-vie a beau brasser des montants pharaoniques, elle reste loin de toucher l’ensemble de la population. La dernière étude de l’Insee sur le patrimoine des Français en 2015 confirme ce constat, avec un taux de détention de 36,5% pour l’assurance-vie (2), ce qui signifie qu’un peu plus d’un ménage sur trois détient au moins un contrat souscrit dans une logique d’épargne, de préparation de la retraite ou de transmission de patrimoine. Un taux qui a tout de même augmenté depuis 2004 (26,2%) et 2010 (34,7%). Qui sont ces Français, finalement minoritaires, qui détiennent ce produit d’épargne ?

Les souscriptions augmentent avec l’âge

Chez les ménages de moins de 30 ans, l’assurance-vie n’apparaît pas comme un produit d’épargne phare, avec un taux de détention de 21% contre 89% pour les incontournables livrets défiscalisés et 35% pour les produits d’épargne-logement. Le taux de détention augmente ensuite sans discontinuer avec l’âge, la détention passant à 31,4% chez les trentenaires, 35,1% chez les quarantenaires, 36,5% chez les « quinqua » et 41,8% de 60 à 69 ans. Passé le cap des 70 ans, près de 43% des ménages détiennent une assurance-vie. Si l’Insee ne livre pas d’âge moyen, la fédération des assureurs évoquait un souscripteur de 53 ans en moyenne en 2014.

Un retraité sur deux, sauf…

Cette logique d’une détention augmentant avec l’âge se concrétise logiquement par une fidélité accrue à l’assurance-vie parmi les retraités. Toutes catégories socio-professionnelles confondues, le taux de détention le plus élevé est atteint chez les retraités anciens cadres ou ayant exercé une profession libérale, avec 63,8%. Près de deux sur trois ! Le taux de détention frôle par ailleurs les 50% chez les agriculteurs retraités et chez les artisans, commerçants et chefs d’entreprise retraités. En revanche, les anciens salariés se montrent à peine plus friands d’assurance-vie que la moyenne, avec un taux de détention de 36,8%, contre 36,5% pour l’ensemble des ménages français.

Cadres et indépendants grands souscripteurs

A l’image des retraités, chez les actifs, l’assurance-vie séduit bien plus fortement les CSP+ que les ouvriers non qualifiés (taux de détention de 22,8%) ou les ouvriers qualifiés (27,7%), qui optent en plus grand nombre pour l’épargne-logement, en parallèle des traditionnels livrets d’épargne. Les employés (29,4%), professions intermédiaires (33,6%) et chefs d’entreprise (35%) affichent eux un taux de détention proche de la moyenne.

Les professions libérales (60,6%) sont de très loin les plus grands souscripteurs d’assurance-vie, suivis de près par les cadres (45,2%). Ces deux catégories sociaux-professionnelles apparaissent aussi, dans des proportions moindres, comme les premiers détenteurs de valeurs mobilières (actions, obligations, etc.).

Un détenteur plus aisé que la moyenne

Un patrimoine financier de 102.100 euros en moyenne, contre 45.400 euros dans l’ensemble de la population. Et un revenu brut annuel de 41.200 euros, contre 34.300 euros. Si l’Insee ne livre pas d’information sur les revenus des détenteurs dans son étude 2015, l’association des assureurs comble ce manque avec ces quelques statistiques dévoilées en février dernier (3). Des données qui confirment que les souscripteurs d’assurance-vie gagnent un peu plus d’argent que la moyenne, et surtout qu’ils ont réussi à se constituer un patrimoine bien plus élevé que la moyenne.

L’assurance-vie séduit plus les couples

Un produit d’épargne pour les familles ou pour les personnes seules ? La détention apparaît assez nettement supérieure chez les couples, avec (37,2%) ou sans enfant (40,7%), que chez les personnes seules (32,9%) et familles monoparentales (30,8%).

Pas qu’un produit d’épargne-retraite

Pourquoi ces ménages choisissent-ils de souscrire une assurance-vie ? En vue de leur retraite ? Pas uniquement. A la différence des « purs » produits d’épargne-retraite, le taux de détention d’assurance-vie continue à augmenter une fois passés les 60 ou 70 ans. Certes, la constitution d’un capital en vue de la retraite reste l’objectif numéro 1 des souscripteurs (27% des sondés) selon l’enquête de la fédération des assureurs. Mais, à travers ce placement, ils cherchent aussi à transmettre un capital (16%), à se constituer une épargne de précaution (14%) ou tout simplement à faire fructifier un capital (11%). Si plus d’un tiers des ménages détiennent une assurance-vie, c’est bien pour son aspect « couteau suisse ».

Lire aussi notre article sur le cliché de l’assurance-vie « placement préféré des Français »

(1) Source Insee 2010, portant sur les contrats « en cas de vie » : une statistique souvent reprise par la profession, qui ajoute régulièrement que l’assurance-vie concerne 30 millions de Français en ajoutant les bénéficiaires des contrats, sans se restreindre aux seuls souscripteurs.

(2) Dans sa dernière étude, l’Insee affirme avoir affiné sa définition de l’assurance-vie pour ne se concentrer que sur les contrats souscrits dans un logique d’épargne et de transmission de patrimoine. Comme lors de la précédente enquête « Patrimoine », en 2010, l’Insee exclut les contrats d’assurance en cas de décès (assurance emprunteur, contrats d’entreprise, etc.). En 2015, l’institut exclut aussi « l’assurance-décès volontaire », qui correspond aux assurances-décès à fonds perdus souscrites volontairement par un membre du ménage.

(3) Etude réalisée auprès de 5.586 souscripteurs d’un contrat d’assurance en cas de vie à adhésion individuelle, en mars 2014.