Le sort du Crédit Mutuel Arkéa (CMA), engagé dans une bataille judiciaire avec la Confédération nationale du Crédit mutuel (CNCM), inquiète plusieurs élus bretons qui ont interpellé le gouvernement, à l'instar d'un sénateur Les Républicains du Finistère.

« Je tenais à appeler votre toute particulière attention sur ce dossier très sensible pour l'avenir de la Bretagne, en vous demandant solennellement d'éviter toute mise sous tutelle du groupe Crédit Mutuel Arkéa qui ne pourrait que nuire (...) à l'emploi et à l'activité économique de la région », écrit le sénateur Philippe Paul (LR) dans un courrier adressé au ministre des Finances.

Le CMA réunit le Crédit Mutuel de Bretagne, le Crédit Mutuel du Sud-Ouest, le Crédit Mutuel du Massif central et vingt filiales spécialisées. Si les relations entre le CMA et la CNCM, organe de tête du groupe bancaire mutualiste, sont mauvaises depuis des années, un changement de statut voté en assemblée générale extraordinaire à la mi-octobre a envenimé la situation.

La CNCM, actuellement association loi 1901, souhaite en effet devenir une société coopérative à capital variable, première étape avant sa fusion à la fin de l'année avec la Caisse centrale du groupe bancaire. Cette réforme, qui permettrait au groupe d'obtenir un agrément d'établissement de crédit de la Banque centrale européenne, afin d'entrer dans le Mécanisme de supervision unique, doit encore recevoir l'aval des autorités.

Arkéa « sous la menace d'une véritable OPA inamicale »

Ces dispositions, estime Philippe Paul, « rendent possible une fusion qui se traduirait par une absorption pure et simple d'Arkéa par le CM11-CIC », qui rassemble onze fédérations du Crédit mutuel, notamment présentes dans l'est de la France. Le sénateur demande au ministre des Finances Michel Sapin de laisser aller les procédures judiciaires à leur terme avant de se prononcer sur le changement de statut.

Le CMA avait saisi il y a un an l'Autorité de la concurrence, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Paris et l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, régulateur du secteur bancaire, afin de dénoncer « une situation persistante de conflits d'intérêts au sein de la Confédération nationale du Crédit mutuel » et « plusieurs manquements ».

Le CMA « est sous la menace d'une véritable OPA inamicale », s'était également inquiété le 3 novembre à l'Assemblée nationale son vice-président et député des Côtes-d'Armor Marc Le Fur (LR). « Dans le respect de toutes les procédures de gouvernance, de régulation européenne, la bonne décision sera prise dans les prochaines semaines », lui avait alors répondu le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron.