Quels sont les produits financiers les plus largement détenus au sein de la population française ? L’Insee a dévoilé l’édition 2015 de son enquête « Patrimoine des ménages », cinq ans après la dernière étude du genre. Elle confirme le caractère incontournable des livrets d’épargne défiscalisés, le récent rebond du PEL et la progression régulière de l’assurance-vie.

Livrets d’épargne : près de 86% des ménages en 2015

Début 2015, 86% des ménages français affirment détenir au moins un livret d’épargne (1), quel qu’il soit. Le taux était quasiment similaire lors de la précédente étude en 2010 et relativement proche en 1998 et 2004 (83%). En revanche, la répartition des différents livrets a fortement évolué, conséquence logique de l’ouverture de la commercialisation du Livret A à l’ensemble des réseaux bancaires, en 2009. Détenus par 57% des foyers en 2004, les Livrets A et Livrets Bleus (appellation du Livret A au Crédit Mutuel) ont vu ce taux grimper à 68% dès 2010 et près de 76% à ce jour.

Deuxième livret d’épargne en termes de taux de détention, le LDD perd du terrain : 42% des ménages en possédaient au moins un en 2004, sous son ancienne formule, le Codevi, pour seulement 37% en 2015. Le Livret d’épargne populaire a subi un sort similaire : 20% en 2015 contre 24% en 2004 et en 2010. Le déclin du LEP s’explique notamment par une baisse de l’écart de rémunération avec les autres livrets d’épargne réglementée. Réservé aux 12-25 ans, le Livret Jeune paie lui aussi la généralisation du Livret A : il concerne 14% des foyers français en 2015, contre 17% en 1998 et en 2004. Les livrets de banque classiques, soumis à l’impôt, restent minoritaires, avec un taux de détention d’environ 6% depuis près de 20 ans.

Assurance-vie et épargne-retraite : 44% des foyers

Si l’assurance-vie est le placement financier brassant les plus importantes sommes d’argent en France, il concerne une frange plus restreinte de la population, même si elle progresse : 26% des ménages en 2004, 35% en 2010 et 37% en 2015. L’Insee précise dans son étude avoir exclu de cette estimation toutes les catégories d’assurance en cas de décès, ce qui « explique des écarts avec les chiffres publiés précédemment » (2). Le taux de détention de 37% en 2015 correspond donc uniquement aux contrats souscrits dans une logique d’épargne, de préparation de la retraite ou de transmission de patrimoine. L’institut de la statistique note par ailleurs que la « détention d’assurance-vie augmente avec l’âge », dans des proportions bien supérieures aux autres produits : 21% chez les moins de 30 ans, pour plus de 40% chez les 60 ans et plus.

Les autres produits d’épargne-retraite (Perp, retraites complémentaires volontaires et sur-complémentaires) attirent eux plus spécifiquement la tranche d’âge 40-60 ans. Si 14% des ménages possèdent au moins l’un de ces placements, aucun ne s’impose dans la population, le taux de détention de chacun de ces produits, pris séparément, ne dépassant pas 6%. Au global, l’épargne-retraite et l’assurance-vie concernent 44% des ménages.

PEL et CEL : 32% des ménages

Après une période délicate, le Plan d’épargne logement (PEL) a retrouvé une place de choix dans le portefeuille des Français. Son taux de détention a ainsi chuté entre 2004 (34%) et 2010 (23%). Une désaffection que l’Insee attribue aux changements législatifs « intervenus au cours des années 2000 (obtention de la prime d’Etat sous condition, fiscalisation des intérêts des PEL de plus de 12 ans) ». La compétitivité de son rendement a par la suite relancé son attractivité, « alors que sa vocation initiale était de faciliter l’achat d’un bien immobilier par le biais de prêt à taux négocié » : la détention est aujourd’hui remontée à 25%.

Le Compte épargne logement (CEL), moins rémunérateur que le Livret A, reste lui un produit orienté vers le financement de travaux immobiliers. Sa détention (15%) ne décolle pas, et s’effrite même légèrement (19% en 2004, 16% en 2010).

Valeurs mobilières : 17%

Les études se suivent et pointent un même phénomène : depuis la crise financière de 2008, les Français se détournent de l’investissement en actions ou en organismes de placement collectif (FCP et Sicav). Le taux de détention des valeurs mobilières a ainsi chuté de 24,2% en 2004 à 16,5%.

Lire à ce propos : Pour investir en bourse, les Français privilégient l'assurance-vie au PEA et au compte-titre

Epargne salariale : 15%

Après avoir progressé de 13% à près de 17% entre 1998 et 2004, le taux de détention d’épargne salariale s’est réduit au fil des ans : 15,1% en 2010 puis 14,5% en 2015. Sans surprise, les dispositifs d’épargne salariale ont plus de succès parmi les ménages dont la « personne de référence » est cadre (39%) ou exerce une profession intermédiaire (27%).

Produits d’épargneTaux de détention en 2004Taux de détention en 2015
Livret A57%76%
LDD (ex-Codevi)42%37%
Assurance-vie26%37%
Plan épargne logement34%25%
LEP24%20%
Valeurs mobilières24%17%
Compte épargne logement19%15%
Epargne salariale17%15%
Epargne retraite10%14%
Source : enquête « Patrimoine des ménages début 2015 » de l’Insee. Les pourcentages publiés par l’institut ont été arrondis à l’unité la plus proche.

(1) L’Insee communique un taux de détention par ménage. Pour chaque produit évoqué, il s’agit donc du taux de ménages en possédant au moins un. Ce taux de détention ne doit donc pas être lu comme un indicateur du nombre de placements, mais comme un indicateur du taux de pénétration de chaque produit dans la population française.

(2) Dans l’enquête 2010, l’Insee évoquait un taux de détention de 41% pour les « contrats d’assurance en cas de vie », à différencier des contrats d’assurance en cas de décès (assurance emprunteur, contrats d’entreprise, etc.). Toutefois, l’Insee incluait tout de même « l’assurance-décès volontaire » dans les assurances-vie, ce qui n’est plus le cas en 2015 : l’assurance-décès volontaire correspond aux assurances-décès à fonds perdus souscrites volontairement par un membre du ménage.