Malgré des taux de crédit historiquement bas, le marché immobilier de la résidence principale se contracte en Ile-de-France, où les primo-accédants voient fondre leur apport et leur budget, alors qu'ils sont davantage présents en régions, observe mercredi le promoteur Nexity.

Au premier semestre 2015, le nombre de ménages accédants à la propriété est en recul de 7% comparé aux six premiers mois de 2014 : ils ne représentent plus que 20% de l'activité résidentielle totale de Nexity, un « plus bas pour un premier semestre depuis 10 ans ».

A l'échelle nationale, les clients primo-accédants de Nexity voient leurs revenus baisser (-2,2% à 37.501 euros) tout comme leur budget (-3,1% à 220.974 euros) et leur apport personnel (-9,9% à 39.501 euros), au premier semestre 2015. Seuls 39% d'entre eux disposent de plus de 10% d'apport (45% un an auparavant).

« Efficacité du PTZ » en régions

« En Ile-de-France, le marché a perdu 27% de primo-accédants au premier semestre », a rapporté Jean-Philippe Ruggieri, directeur général de l'immobilier résidentiel chez Nexity (1), lors d'un point sur l'activité du groupe. En revanche en régions, ils sont en hausse de 26% dans la clientèle du groupe, « grâce à l'efficacité du PTZ » et aux taux bas. Remanié il y a un an, le PTZ a bénéficié à davantage de ménages, qui auparavant n'y avaient pas droit compte tenu de leurs ressources, tandis que le montant du prêt et son différé de remboursement ont été relevés.

Mais ceux achetant en zone A (Ile-de-France, Côte d'Azur...) et A bis, les plus tendues et les plus chères, ont vu les montants de PTZ auxquels ils avaient droit baisser. En effet la quotité (la part de l'emprunt immobilier total représentée par le PTZ) a diminué. « Le PTZ en zone A et A bis a vu sa quotité rabotée : elle est passée de 33% à 26%. Pour nos primo-accédants en Ile-de-France, cela représente une perte de pouvoir d'achat de 15.000 euros. Or ces 15.000 euros étaient constitutifs de leur apport personnel », a relevé Jean-Philippe Ruggieri.

Un rebond du neuf anticipé en 2015

Pour atteindre l'objectif de construction de 70.000 logements par an inscrit dans la loi sur le Grand Paris, contre 40.000 à l'heure actuelle « il faut que nos clients soient solvables », affirme le directeur général de l'immobilier résidentiel.

Du point de vue d'un accédant à la propriété, le bas niveau des taux d'intérêt actuel (aux alentours de 2% en moyenne) ne compense pas le niveau élevé du prix des logements, selon le Conseil général de l'Environnement et du Développement durable (CGEDD). Car le pouvoir d'achat immobilier, quoique nettement supérieur à son minimum atteint en 2008, demeure inférieur de 21% à ce qu'il était en 2000. Pour acheter le même logement, un primo-accédant doit s'endetter sur 21 ans, contre 15 ans en 2000.

Nexity anticipe tout de même un rebond du marché immobilier neuf en 2015, avec 100.000 logements vendus par les promoteurs, contre 86.600 en 2014.

(1) En France, Nexity détient une part de marché d'environ 12% dans l'immobilier résidentiel, contre 12,9% pour Bouygues Immobilier son principal concurrent. Viennent ensuite les groupes Kaufman et Broad (6,8%), Altarea Cogedim (5,3%) et Icade (4,5%).