Avec une rémunération d’un demi-point supérieure à celle du Livret A, 1,25% depuis le 1er août, le Livret d’épargne populaire devrait attirer. Pourtant, ce livret réservé aux contribuables modestes fait face à une forte baisse du nombre de détenteurs depuis 2009.

Plus de 62,1 milliards d’euros sur le Livret d’épargne populaire : ce record date de septembre 2008. Depuis, le montant global des LEP ne cesse de s’éroder. Jusqu’à tomber à 45,8 milliards en mai 2015. Le basculement a eu lieu le 1er août 2008, date à laquelle le calcul du taux du LEP a été modifié : sa rémunération n’est supérieure que de 0,50 point au taux du Livret A, contre 0,75 point auparavant (et même un point entre 2004 et 2007). A l’image du déclin du Livret Jeune, le LEP a probablement aussi pâti de l’ouverture du Livret A à toutes les banques en 2009.

12 millions de LEP en 2009, 9 millions en 2014

Plus que les statistiques sur le montant global sur les Livret d’épargne populaire, livrées par la Banque de France, l’évolution du nombre de détenteurs montre le faible attrait de ce livret. Le rapport 2014 de l’Observatoire de l’épargne réglementée, diffusé début juillet, chiffre à 8,9 millions le nombre de LEP en France au 31 décembre 2014. Les précédentes éditions de ce rapport permettent de constater la chute du nombre de détenteurs : 11,8 millions fin 2009, 11 millions fin 2010, 10,3 millions fin 2011, 10 millions fin 2012, 9,2 millions fin 2013 et donc 8,9 millions fin 2014.

« Le taux de détention du LEP diminue également en 2014 (13% après 14% en 2013), poursuivant une tendance à la baisse observée depuis quelques années », souligne l’observatoire dans son rapport. Et pourtant, au 1er janvier 2014, les conditions d’éligibilité au LEP ont évolué en n’étant plus basées un montant d’impôt maximum mais sur le revenu fiscal de référence (RFR).

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Selon les statistiques livrées par le ministère des Finances à l’époque, ce changement de critères d’éligibilité devait permettre à 3 millions de ménages supplémentaires d’avoir accès au LEP. Et les personnes exclues par ces nouvelles règles d’éligibilité peuvent conserver leur LEP jusqu’en 2017, à condition d’en détenir un au 1er janvier 2014. Bref : cette évolution n'a pas permis d'enrayer une nouvelle baisse du taux de détention.

40% des détenteurs ont plus de 65 ans

Pourtant, ceux qui détiennent un Livret d’épargne populaire l’optimisent. Fin 2014, plus de 37% des détenteurs disposent d’un montant supérieur au plafond de 7.700 euros sur leur LEP, ce seuil étant dépassé grâce aux intérêts accumulés. Le montant moyen sur les LEP s’élève lui à 5.226 euros en 2014, ce qui fait de ce livret celui dont « le montant moyen unitaire [est] le plus élevé des trois produits d’épargne réglementée [Livret A, LDD et LEP, NDLR] ».

Autre statistique notable : plus de 40% de détenteurs ont plus de 65 ans ! Bien plus que pour Livret A (20%) ou le LDD (30% environ). Outre les retraités, les autres catégories socio-professionnelles profitant le plus du LEP sont les employés, ouvriers, chômeurs et inactifs.

Le produit touche donc une partie du public à qui il est destiné, c’est-à-dire les foyers aux faibles revenus, mais sans les attirer massivement. Pourquoi ? Difficile de savoir, entre publicité insuffisante dans les banques, complexité des conditions d’éligibilité, ou manque d’intérêt de la part des particuliers. Depuis mai 2015, la procédure pour ouvrir un LEP a été légèrement simplifiée, avec un seul justificatif d’imposition faisant figurer le RFR à présenter. Difficile de croire que cela suffise à relancer ce produit. Si bien que le gouverneur de la Banque de France a appelé de ses vœux une réforme de l’épargne réglementée, au détriment du taux du Livret A et en « préservant » le taux du LEP.

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