Le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) est « un effet d'aubaine particulièrement rentable » pour les banques, a affirmé mercredi le Syndicat national de la banque (SNB/CFE-CGC), réclamant une « réorientation » du dispositif envers les PME.

Dans son « bilan d'étape de l'utilisation du CICE dans la banque, la finance et le crédit », actualisé mercredi, le premier syndicat du secteur bancaire a recensé le montant attribué aux principaux établissements (39 M EUR pour BNP Paribas en 2015, 38 M EUR pour Société Générale, etc.) et étudié leur affectation. Or, « il apparaît (...) que les banques et sociétés de crédit ont à nouveau déclaré en 2015 des investissements qui ne correspondent pas, loin s'en faut, à un réel surcroît d'investissement », relève le SNB. En effet, « l'essentiel -pour ne pas dire la totalité- des utilisations annoncées du CICE correspond à des projets, actions et dépenses déjà largement engagés », assure le syndicat affilié à la CFE-CGC, en citant la rénovation et l'entretien des agences ou encore l'achat de tablettes tactiles.

En procédant ainsi, les entreprises « ont fait clairement le choix de simplement continuer à bénéficier à plein d'un ''effet d'aubaine'' particulièrement rentable », sans s'engager pleinement en faveur de contreparties au Pacte de responsabilité, écrit le SNB. Mesure emblématique du Pacte, le CICE permet une réduction d'impôts aux entreprises pour les aider à restaurer leur compétitivité.

Réorienter le CICE

Les banques « se contentent d'encaisser » les bénéfices du CICE, « ça améliore la marge brute et derrière il n'y a rien », a commenté auprès de l'AFP le président du SNB/CFE-CGC Régis Dos Santos. « L'année dernière on était dans l'attente, maintenant clairement il faut arrêter », juge le responsable syndical, estimant que le CICE « n'apporte strictement rien » au secteur, « sauf s'il est réorienté ». Dans son bilan d'étape, le SNB écrit ainsi « qu'une réorientation du CICE vers les PME est indispensable pour que ''l'argent public'' participe effectivement à la bataille de l'emploi et du développement économique ».

Prenant François Hollande et Manuel Valls à contre-pied, le président (PS) de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, s'est dit fin juin favorable à une réorientation du CICE dans les cas où l'on constaterait qu'il « n'aboutit que sur une augmentation des profits ». « Il faut savoir si les objectifs que nous nous sommes fixés donnent des résultats », avait-il dit.