La classe politique française s'est emparée dimanche du non grec au référendum, avant même les résultats définitifs et la prise de position de François Hollande.

Peu avant 20h00, le Premier ministre Manuel Valls est arrivé à l'Elysée pour évoquer la situation grecque avec le chef de l'Etat, rejoint peu après par le ministre des Finances Michel Sapin et le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Harlem Désir.

François Hollande, qui s'est entretenu dès dimanche soir avec Alexis Tsipras, selon une source gouvernementale grecque, doit par ailleurs recevoir lundi soir à l'Elysée la Chancelière Angela Merkel pour une réunion et un diner de travail destinés à « évaluer les conséquences du référendum », a d'ores et déjà annoncé la présidence française. Il s'agira de faire « une analyse commune de la situation » et d'envisager « la poursuite de la coopération franco-allemande étroite sur ce sujet », a précisé la Chancellerie.

Dans la classe politiques les réactions se sont multipliées dimanche soir. Jean-Luc Mélenchon, co-fondateur du Parti de gauche et fervent soutien du Premier ministre grec Alexis Tsipras, a même appelé à un rassemblement dimanche soir place de République pour célébrer le « non » à « un projet sournois et calamiteux ».

La gauche de la gauche et les « frondeurs » du PS ont sur la même longueur d'onde salué le refus du peuple grec face aux exigences de ses créanciers, de même que le Front national, à l'autre bout de l'échiquier politique.

Arnaud Montebourg, ancien ministre PS, a ainsi réagi sur Twitter en rendant « Hommage au peuple grec qui sait défendre non seulement son juste intérêt mais également l'intérêt de tous les Européens ». « Les chantages financiers et mesquineries politiques n'auront pas eu raison du souffle de dignité et de liberté qui a envahi le berceau de la démocratie. (...) Je mets en garde contre toute nouvelle entreprise de pression politique et financière sur le peuple grec », a lancé Pierre Laurent, secrétaire national du PCF.

La présidente du FN, Marine Le Pen, a pour sa part estimé que « c'est un Non de liberté, de rébellion face aux diktats européens qui veulent imposer la monnaie unique à tout prix, via l'austérité la plus inhumaine et la plus contre-productive ». « C'est le début de la fin de la zone euro, on a démontré que l'Union européenne n'est pas irréversible », a renchéri son bras droit, Florian Philippot.

« Hollande ne doit pas se coucher » devant Tsipras

A droite, alors que le président Nicolas Sarkozy, avait averti samedi que si les Grecs répondaient oui au plan d'aide européen, Alexis Tsipras devrait « partir », la victoire a d'ores et déjà provoqué une salve d'avertissements à François Hollande, lui reprochant d'être depuis le début de la crise dans « le compromis » avec Tsipras.

Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, vice-présidente déléguée des Républicains, « nous devons redire avec force que le référendum grec engage les Grecs, et seulement eux (...) François Hollande n'a pas de mandat pour imposer aux Français une nouvelle pression fiscale, étalée sur des décennies pour satisfaire aux caprices de Monsieur Tsipras ». « François Hollande ne doit pas se coucher devant Alexis Tsipras », a averti Christian Estrosi, candidat Les Républicains en Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Le président du Nouveau Centre Hervé Morin, s'est lui dit « favorable à la sortie de la Grèce de la zone euro » et jugé que « la leçon grecque » doit « conduire à remettre les institutions européennes sur la table »