Le plus bas niveau des taux fixes a été atteint au mois de mai, à en croire les courtiers en crédit immobilier. Depuis, les taux ont amorcé une lente et très légère remontée. Ce retournement ne concerne pas tous les emprunteurs à égalité : les banques continuent de proposer des taux au plus bas pour les dossiers qui les intéressent, et remontent leurs barèmes pour les autres.

2,05% sur 15 ans et 2,25% sur 20 ans. Les moyennes estimées par Meilleurtaux et communiquées ce mardi évoluent très légèrement à la hausse, après avoir atteint leur plancher en mai (2% sur 15 ans et 2,23% sur 20 ans). Le taux fixe moyen que ce courtier en prêt immobilier annonce sur 25 ans continue en revanche son érosion : il perd 0,02 point et s’établit désormais à 2,58%.

Cependant, Hervé Hatt, président de Meilleurtaux, cite des « hausses de taux très ciblées ». « Surchargées de travail », à cause de l’afflux de demandes de rachat et de renégociation, les banques trient « les dossiers qui les intéressent et ceux qui les intéressent moins » pour augmenter les taux, ou non. Un constat partagé par Jérôme Robin, fondateur de VousFinancer, qui évoque lui « des possibilités de décotes pour les bons profils, rendant les hausses quasi-indolores pour certains emprunteurs ».

Dans un relevé visant à identifier les « chouchous des banques », VousFinancer pointe une dizaine de clients ayant obtenu un financement avantageux : beaucoup de couples d’emprunteurs, entre 35 et 40 ans, avec des revenus mensuels supérieurs à 4.000 euros net à deux pour la plupart.

La vague de renégociations va s’atténuer

La hausse la plus nette constatée par ce courtier concerne la renégociation. Selon VousFinancer, un établissement de crédit a proposé le mois dernier du 1,64% sur 20 ans pour des emprunteurs sur Lyon et Grenoble. Mais la même banque a depuis revu son barème « renégociation » à la hausse, proposant désormais au mieux du 2,04% sur 20 ans.

La part de renégociations dans les dossiers gérés par VousFinancer a atteint 47% en juin, contre 17% au premier semestre 2014. La remontée étant entamée, ce mouvement « pourrait se tarir progressivement d’ici la fin de l’année », prédit Sandrine Allonier, responsable des relations banques du même courtier.

Augmentation progressive des taux durant l’été

La hausse des taux amorcée ces dernières semaines devrait se poursuivre pendant l’été, mais toujours de façon très limitée : « Il n’est pas improbable que les taux remontent à nouveau légèrement pendant [les vacances d’été] comme c’est souvent le cas quand les back offices manquent de personnel », juge Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux, faisant référence à la saturation des services traitant les prêts à l'habitat.

Incertitude à la rentrée

Hervé Hatt, le président de ce réseau de courtage en crédit, se montre en revanche plus prudent concernant les évolution à plus long terme : « Les mouvements actuels sur les marchés consécutifs à la crise grecque devraient pousser les taux longs à la hausse, dans un contexte de grande volatilité », estimant que les banques risquent de répercuter « progressivement cette tendance dans les barèmes clients ». Il refuse toutefois d’inciter à la panique en précisant que ces augmentations, « par paliers de 0,10 » point », devraient « rester modérées ».